<le ces longs coi’s qui ont un son si aigu et si
prolongé et qui servent à appeler les habitants
de tous ces enclos éloignés au service divin.
Dans les temps de guerre, ils servaient à annoncer
l’approche de l’ennemi; toute la population
senfuyait alors dans l’intérieur de ces cours
d église qui tenaient lieu de châteaux forts.
Du haut de la tour, comme on doit s’y attendre,
on a une vue superbe sur la plaine de la
Mingrélie qui s’étend à vos pieds recouverte
d’une végétation digne du nouveau monde. Dans
une première cour extérieure, je me reposai sous
ces beaux tilleuls de sept à huit pieds de diamètre
qui ne manquent presque jamais d’ombrager ces
vieux édifices.
Mon projet était d’aller encore à 6 verst plus
loin, sur la montagne de Bia, ou Parchimandrite
de la Khopi a une petite maison pour y passer
quelques jours dans la belle saison et y jouir
d’une des plus magnifiques vues de la Mingrélie.
L horizon de la haute chaîne caucasienne avec
l’Elbrous au centre s’y déroule ave.e une pompe
qu’on aurait peine à trouver autre part, Pour
cette fois-ci je ne pus remplir mon projet. Mes
Cosaques se perdirent dans ce labyrinthe de petits
sentiers qui se croisent dans tous les sens,
sous les arbres et qui mènent d’une maison à
l’autre ; nous fûmes obligés plusieurs fois de rebrousser
chemin; pour comble de désagrément,
l’un de nies Cosaques fut saisi d’un violent accès
de fièvre. Il fallut nous en retourner; nous regagnâmes,
à travers une forêt de châtaigniers,
la grand’route au village de Kholoné, à 5 verst
de Sakharbet, seconde station des Cosaques depuis
Redoute-Kalé, et fatigué de cette journée,
je résolus de passer ici la nuit.
Sakharbet, Chekhépi, Maranne.
La station de Sakharbet est au pied de quelques
collines, promontoires avancés du Caucase
dans la plaine de Mingrélie. Ici la craie d’un
blanc jaunâtre, remplie de silex, et presque sans
pétrifications, a été arrachée du fond du bassin
de la Mingrélie; elle est par couches. La Tsiva
qui débouche ici de l’intérieur du pays, fait un
saut de huit à dix pieds par-dessus, une assise de
ce calcaire dont les couches -brisées forment une
arrête ; Ponde se glisse sur cette arrête pour
tomber sur le revers des couches. Au-dessous
de la cascade un jet de gyps s’appuie contre les
couches de la craie,
Cet accident de terrain offre un fort joli point
de vue ; sur la cascade est suspendu le pont de
Sakharbet ombragé de vieux- chênes, et sous
l’onde écumante, une vieille pile isolée d’un
pont brave depuis des siècles son impuissante
rage. . . , Car Sakharbet n’a pas toujours été ce