regretter amèrement que les hommes Paient aussi
cruellement maltraité; il était fait cependant
pour résister encore bien des siècles, à voir ces
belles pierres de taille d’un calcaire jurassique
jaune, compacte. Les Turcs ont commencé sa
ruine en 1691, en la renversant et en la faisant
sauter pendant qu’ils étaient maîtres de la forteresse
(1). Güldenstâdt vit encore, en 1772,
quelques-unes des colonnes de l’intérieur debout
(2). Aujourd’hui il ne reste plus rien ni du
dôme, ni de la plupart des voûtes : on a déblayé
l’intérieur pour y ensevelir ceux qui paient bien
les prêtres, et ceux-ci, ramassant les plus beaux
de ces débris et les rejoignant tant bien que mal,
en ont reconstruit une petite chapelle adossée au
long côté du sud, où l’exarque va lire la messe.
Une pierre étant tombée tout près de lui pendant
qu’il officiait, pour prévenir un malheur, il
a demandé au gouvernement la permission de
démolir en grande partie le côté de cette ruine
qui menaçait la chapelle ; ce qu’on lui a accordé
et ce qu’il a exécuté (3).
(1) Chronique arménienne envoyée par M. Schultz à
M. Saint-Martin, et dont je dois la communication à
M. Brosset jeune.
(2) Güldenstâdt, Reisen nach Géorgien, etc., p. 164,
éd. Klapr.
(3) Qu’on compare l’état actuel de cette église avec son
état primitif, en regardant, Atlas, 3“ série, les pl. i 3
Déjà le lierre grimpe partout sur ces murailles
attristées ; il s’élève comme un voile pour aller
se suspendre aux arbustes qui en couronnent les
corniches.
Koutaïs était encore en 1772 le siège d’un
Métropolite (Metropolito Kouthathèli) , qui dépendait
du patriarche d’Abkhasie, résidant ordinairement
à Ghélathi. Aujourd’hui les fonctions
de patriarche et de métropolite sont reunies en
la personne d’un seul, qui prend le titi e d archevêque
d’Iméreth, et qui dépend du métropolite
exarque de Géorgie, résidant à Tiflis. Cette
dépendance n’empêche pas qu’on ne donne à cet
archevêque de Koutaïs tous ses anciens titres (1).
et i‘4. J’ai donné dans la pl. i 3 deux vues de ces ruines et
dans la pl. i4 j’ai restauré la façade du choeur.
(1) En 1772, voici le tableau que Güldenstâdt donnait
de la hiérarchie de la Colchide :
L’Iméreth avait un patriarche ou katholicos qui prenait
le titre de patriarche de’Bitchvinha et d’Abkhasie ;
il avait sous lui le métropolitain de Koutaïs, l’archevêque
de Khoni, l’évêque de Nikor-Tzminda ; les évêques de
Chamokmodi et de Djoumati dans le Gouria dépendaient
aussi de lui. Le partage de l’Iméreth en Irois sièges épis-
copaux eut lieu en îô ig , selon la chronique géorgienne
de M. Brosset jeune, p. 7.
La Mingrélie, par suite des disputes de Dadian avec
le roi d’Iméreth, obtint, peu de temps avant l’arrivée dé
Güldenstâdt en 1772, son propre patriarche ou katholicos
; auparavant les trois évêques d’Odichi, de Letchkoum