ont toujours soupçonnes de venir du midi, et
d’être un reste des Jaszyghes.
Les Lettes, freres desLitvaniens, ont été fortement
mélangés avec les Finois (1).
Amazones.
Enfin n est-il pas extraordinaire de trouver
chez ces Tcherkesses cette séparation si bizarre
de l’homme et de la femme, dans une contrée où
toute l’antiquité a toujours placé les Amazones
et ces Sauromates gunocratoumènes.
^ Quelque absurde que puisse paraître cette
histoire ou fable des Amazones, elle doit avoir
un fond 5 Strabon en était déjà convaincu., et les
traditions que les Tcherkesses eux-mêmes ont
conservées en sont une preuve. Voici cette tradition
rapportée par Reineggs, I, 238, et que le
veridique Jean Potocki s’est donné la peine de
vérifier.
Dans le temps que nos ancêtres, disent les
Kabardiens, habitaient sur les rives de la Mer-
Noire, ils étaient souvent en guerre contre les
Emmétches, peuple de femmes qui habitaient
l’angle des montagnes entre la Circassie et le
(1) Jai fait, pendant plusieurs années que j ’ai habité
la Coui lande et la Litvanie, de nombreuses recherches sur
1 histoire, les moeurs, les monuments de ces contrées : peut-
être pourrai-je un jour publier le résultat de ce travail.
Svanéthi, et qui s’étendaient jusqu’à la petite Kà-
bardah actuelle. Elles ne voulaient point d’hommes
parmi elles, mais s’associaient toute femme
courageuse qui voulait prendre part à leurs expéditions
et entrer dans leur confrérie. Après
une guerre longue et indécise, les deux armées
se trouvaient derechef en présence pour se
livrer bataille, quand tout a coup la commandante
des Emmétches qui possédait un esprit
prophétique, demanda un entretien secret avec
Thoulme, chef des Tcherkesses, possédé aussi
du même esprit. On dresse une tente entre les
deux armées ; le prophète et la prophetesse s y
rendent; quelques heures après, laprophétesse en
sort et déclare à ses compagnes qu’elle a été
vaincue, qu’elle veut prendre Thoulme pour son
époux, et que suspendant les hostilités, elle leur
conseille de faire comme elle, et de se choisir un
mari parmi les ennemis : ce qui s’exécuta, et les
Tcherkesses, nos ancêtres, joyeux, retournèrent
avec leurs nouvelles compagnes dans leurs de
meures.
Cette tradition de l’existence des Emmétches,
est confirmée par un fait que rapporte le P. Lam-
berti (1) : de son temps, le Dadian faisant la
(1) P. Archange Lamberti, Recueil de voyages au Nord,
t. VIÏ, p. 180 et 181. Comparez aussi ce que raconte de
La Motraye, t. II, p. 8 4, des femmes tcherkesses.