vage, le château de Psirste. Adossé à la montagne
escarpée qui se redresse derrière, il remplissait
toute la largeur du défilé qu’il défendait. Caries
montagnes calcaires qui séparent les bords de la
mer de la plaine intérieure, s’élèvent considérablement
en approchant de Soukoum ; c’est en
petit une répétition de la haute muraille calcaire
de Bambor, ou,, si l’on veut, une première ligne
de circonvallation. De grandes taches jaunâtres
se dessinent sur ses pentes rapides dans des cadres
de verdure. Outre la gorge de Psirste, deux
autres gorges s’ouvrent pour laisser passer en
mugissant la Goumisla et la Baslata.
C’est cette singulière conformation du pays
qui a fait croire à J. de Kiaproth, dans la petite
carte qui accompagne sa description du Caucase
en 1814, que c’était la chaîne centrale qui venait
ainsi heurter contre la mer.
Anakopi est précisément le point où cette
chaîne basse heurte de plus près la mer, ne laissant
qu’un étroit défilé pour arriver des plaines
de Bambor aux embouchures de la Kodor et à
Soukoum.
On y reconnaît facilement le fameux défilé et
cette forteresse que les Grecs avaient surnommés
Trachée, et dont Procope parle en détail
dans sa guerre des Goths, 1. IV, p. 5oo.
« Au-delà de la frontière des Apsiliens, à l’entrée
de l’Abasghie, se trouve un lieu situé comme
Suit : Une montagne élevée commençant au
Caucase décroît peu à peu, et inclinant son dos
en forme d’échelle, seperden atteignant le Pont-
Euxin. Les Abasghiens construisirent jadis sur
le sommet de cette montagne un chateau très
fort et très vaste. C’est là qu’ils ont coutume de
se réfugier et d’empêchér les incursions des ennemis,
à cause des difficultés insurmontables de
ce lieu, car la seule isSue qui mène à Ce château
est aussi la seule entrée de l’Abasghie, et elle est
si étroite qu’une couple d’hommes suffisent pour
résister au front égal des assaillants. Le sentier
est dominé par un mur de rochers Coupes et
arides, qui s’étend jusqu’à la mer et donne à ce
lieu le nom de Trachée. »
Plus loin Procope fait la description du siège
que les Grecs en firent. En attaquant le défilé du
côté de Soukoum, l’armée fut repoussée, et l’hésitation
s’emparait déjà des esprits quand il vint
à l’idée du général Jean, qui commandait l’expédition,
d’envoyer la moitié de ses troupes au-
delà du défilé, de façon que les Abasghiens serrés
des deux côtés se sauvèrent dans leur château.
Aveuglés par la peur,leS fuyards, poursuivis
chaudement par les Grecs, ne purent empêcher
ceux-ci d’y entrer avec eux et d’y mettre le feu;
le château fut rasé et les Abasghiens furent dispersés.
Cet événement est de l’an 55o de J.-C.
Anakopi est aujourd’hui entièrement aban—