1g Katçhe et le Belbek dont la partie supérieure
s’appelle encore aujourd’hui Kabardah ; la plaine
qui est entre ces deux rivières, a conservé de
même le nom tatare de Tcherkesse-Tuss, plaine
des Tcherkesses, et l’on y voit les ruines du château
de Tcherkesse-Kerman qui les dominait.
Abdoun-Khan, que la tradition fait descendre
de princes d’Arabie (1), se trouvait à la tête de
ces Kajaardiens en Crimée à la fin du quatorzième
siècle et au commencement du quinzième.
Ces Kabardiens quittèrent la Crimée en bateaux
et allèrent aborder à Soudjouk-Kalé d’ou
ils passèrent aux embouchures du Kouban : ils
s’établirent dans la plaine qui est au sud, et fondèrent
la ville de Chantchir entre le PsifF à
l’orient et le Néfil à l’occident. Le rempart et le
fossé qui entouraient la ville sont visibles , ainsi
que quelques tumulus qui ont pu servir de retranchements
(2).
Le plus fameux des descendants d’Abdoun-
Khan fut Inal ou Inal Teghenn ; il fut vaillant,
prudent et généreux ; sous son règne beaucoup
de peuples vinrent se soumettre et vivre sous
(1) J. Potocki cite, I, p. i 55 de son Voyage au Caucase,
éd. Klapr., une généalogie des princes de la Kabardah,
qu’il commente ainsi que Klaproth. Voyez aussi Reineggs,
1 , 243.
(2) Ce rempart a quatre sorties comme un camp romain.
Pallas, 1, 4a3.
ses lois. Il régna long-temps, fut fameux par
tout le Caucase et toujours heureux à la guerre.
Les habitants de la Kabardah parlent encore de
lui et l’on y conserve sa croix d’or.
Ce fut sans doute sous ce prince que les Dji-
khes firent une grande invasion dans l’Iméreth
en i 5og. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas à douter
que cet Inal ne soit ce Tzandia Inal Daphita que
l’auteur de la Chronique géorgienne de Brosset
traite d’éxécrable, et qui repoussa les Mingréliens
et les habitants du Gouriel qui voulaient se venger
de l’expédition des Djikhes : ils furent complètement
battus; le Dadian et les autres princes
et chefs de l’armée furent massacrés ou faits prisonniers.
Malakie, patriarche d’Abkhasie, vint
racheter ceux que le glaive avait épargnés (1).
Cette concordance de la Chronique géorgienne
et des traditions généalogiques est un fait d’autant
plus intéressant, qu’il fixe d’une manière
certaine l’époque du règne d’Inal sur lequel
Pallas , Jean Potocki et Klaproth n’avaient que
de vagues données.
Au règne d’Inal se rattache une autre tradition
qui m’a été racontée par le général Engel-
hardt a Pétigorsk et que j ’ai retrouvée dans les
auteurs que je viens de citer ; je vais rapporter
(1) Chronique géorgienne, trad. par M. Brosset jeune,
p. 7 et 8.