apporte ainsi cette marque de bénédiction, et
on enterre le mort de la manière la plus solennelle,
et les parents se félicitent de l’honneur
qui leur est arrivé. Ces peuples sortent en foule
au bruit que fait cet ange dans sa course aérienne,
et quand ils ne se fait pas entendre de
quelque temps, on fait des prières pour le faire
revenir
Funérailles.
Les funérailles des Tcherkesses varient de localité
en localité, et selon la condition du défunt;
c’est comme partout.
Chez les Natoukhadjes, le corps cousu dans
une toile blanche, après quelques chansons, ou
bardits en son honneur et après une espèce d’oraison
funèbre, est déposé dans une tombe
semblable a celles que j ’ai décrites plus haut;
on lui met la tête vers l’Orient, et on le couche
de côté comme chez les mahomélans. Le
moullah, quand il y en a un, assiste à cette cérémonie.
Durant le cours d’une année le lit du
défunt et ses armes sont conservés avec le soin
le plus religieux, a la meme place qu’ils occupaient
de son vivant. A certaines époques, les
parents et les amis viennent exprimer, par des
sanglots et des coups sur la poitrine, leur désespoir
; la veuve donne aussi alors les marques de
son- affliction, se déchire le visage et les bras
jusqu’au sang (1).
Un jour entre autres est fixé pour donner le
grand festin qui doit toujours accompagner les
funérailles: les riches, qui ont tout en abondance,
le donnent sitôt après l’ensevelissement ;
mais les gens peu aisés renvoient souvent de plusieurs
mois de le donner, jusqu’à ce qu’ils aient
pu rassembler les provisions nécessaires. Le repas
se fait le plus grand possible ; il s’y trouve quelquefois
jusqu’à quatre cents personnes : onle donne
dans un bois sacré , sous les arbres, où se font,
comme je l’ai dit, toutes les cérémonies religieuses....
Le commun du peuple ne cuit que de
la viande et du cachai de millet : c’est tout le
festin, et c’est déjà un grand luxe, le Tcherkesse
à l’ordinaire étant très sobre et ne se contentant
que de bouillie ou pâte cuite ou séchée en forme
de gâteau, avec son càchat de millet.
Le festin est accompagné de jeux et de prix
décernés en l’honneur du défunt, comme aux
funérailles de Patrocle; plusieurs étoffes em-
(1) Les Kabardiens se donnent des coups de fouet sur le
visage pour porter ainsi les marques de leur douleur : faire
couler du sang pour témoigner sa douleur, est un usage
général chez les peuplades du Caucase; les anciennes peuplades
scythes de la Crimée se lacéraient le corps avec des
pierres à feu aiguës qu’on jetait et qu’on retrouve dans les
anciens tumulus autour du corps.