Attanghèlo, a vingt verst du bord de la mer,
est placé sur une éminence à quelques verst au-
dessous de l’endroit où l’Engour, venant du
Svanethi, se partage en deux bras en entrant
dans la plaine; ces deux branches ne se réunissent
plus et entrent séparément dans la mer,
enfermant ainsi une île de vingt et quelques
verst de long, et de trois à quatre verst de large.
Jusqu’en i 832 la branche de gauche était la
plus considérable, et l’autre n’était qu’un filet
d’eau ; mais, depuis peu, tout l’Engour s’est jeté
dans le bras de droite et menace d’en faire le
bras principal. Cet état de choses a causé aux
alentours d’Attanghèlo des inondations et des
marécages qui peuvent devenir funestes à l’état
sanitaire d’Attanghèlo, si on ne parvient à faire
rentrer l’Engour dans son ancien lit.
Attanghèlo est fondé sur l’emplacement de
quelqu’ancienne ville ou colonie grecque, bâtie
alors sur les bords de l’Engour, qui dans ce
temps-là passait par le bras de droite, comme il
veut le faire actuellement. Quand on creusa les
retranchements, on trouva quelques médailles
et d autres objets; une pierre précieuse gravée,
déterrée par les gens de Dadian, fut, entre autres
le sujet d’une vive dispute ; Dadian pour les accorder,
la fit briser en plusieurs morceaux qu’il
distribua aux plaignants.
Attanghèlo offre aussi les restes considérables
d’une ancienne église ; elle a été très grande et
approche de celle de Pitzounda. Elle est construite
dans ce genre romain de pierres de taille
et de briques mélangées; il en est resté de grandes
voûtes suspendues et des débris énormes qui
encombrent l’intérieur de l’édifice, sous lequel
il paraît qu’il y avait des souterrains.
Le villa d’Attanghèlo est bâti autour de ces
ruines, à la façon abkhasienne. Le seul auteur
ancien qui cite cette localité est le père Archange
Lamberti, qui lui donne le nom de Satangi (1).
L ’intérieur du Samourzakhan est très peu
connu. Les habitants sont un mélange de Géorgiens
et d’Abkhases, et parlent indifféremment
ces deux langues. Partout y sont semées les
ruines et les traces d’une ancienne culture, restes
des colonies grecques et de l’ancien royaume
d’Abkhasie. Déjà dans la plus haute antiquité les
chroniques géorgiennes font de cette contrée la
part d’Egross, fils de Thargamos, le plus ancien
roi de la race géorgienne; Egross construisit
alors pour capitale de ses états la ville à'Egrissi,
aujourd’hui Bédia, sur une colline baignée par
la Tsorika, à 14 verst de la mer. Ces mêmes
chroniques ne font venir que bien des siècles
après Egross, sur ces rives, les colonies grecques
( 0 Voy. la carte qu’on a ajoutée à sa relation. Recueil
de voy. au Nord, t. VII. 1726.