La liberté du commerce en Géorgie n’avait
pas d’abord été appréciée par les Européens à
sa juste valeur. La difficulté des communications,
l’éloignemenl du pays, n’avaient engagé
presque personne pendant les trois et quatre
premières andées à en profiter. Il faut lire dans
le voyage de M. Gamba, qui a été témoin oculaire
du mouvement du commerce à cette époque,
la peme que les premiers Arméniens qui
allèrent à Leipsig, eurent à se décider à faire un
aussi long voyage. Mais le premier pas fait, rien
n’arrêta plus l’élan qui s’ensuivit ; les avantages
qui résultèrent de ces premiers essais furent
trop considérables pour qu’on en restât là.
La voie de la Géorgie est la plus commode
et la moins coûteuse pour faire passer les
marchandises d’Europe en Perse. Malgré la
chaîne du Likhi qui sépare le bassin de l’Imé-
reth de celui de la Karthalinie, toutes les marchandises
se transportent en voilures jusqu’à Ti-
flis (1), et de Tiflis a Tauris, le chemin n’offre
pas de grandes difficultés pour les caravanes à
boeufs ou à chevaux, même au coeur de l’hiver.
Une nouvelle route que le gouvernement
(i) On payait de mon temps un rouble argent ou quatre
francs par poud de marchandises, pour le transport de
Redoute-Kalé a Tiflis. M. Jules de Hagemeister, dans son
Mémoire sur le commerce des ports de la Nouvelle Russie,
russe a ouverte de Tiflis à Erivan aura aplani
bien des obstacles.
Tiflis devint donc en fort peu de temps l’entrepôt
de presque tout le commerce de la Perse
par la Mer-Noire. Les Arméniens et les Géorgiens
s’enrichirent; des maisons européennes
vinrent s’établir dans ce pays. D’autres essayèrent
d’y faire des envois. Redoute-Kalé devint
un emporium comme Dioscourias du temps des
Grecs. On a vu à la fois pour un million de marchandises
dans ses magasins. De grandes sommes
furent versées dans le pays pour payer le
transport des marchandises. Des retours développèrent
peu à peu quelque industrie parmi les
habitants. L’importation entraîna une petite exportation
qui s’accroissait chaque jour. On chargea
les beaux buis, les magnifiques noyers , les
superbes bois de Mingrélie, des cornes , de la
cire, des peaux, du tabac, du maïs, du millet, des
noix pour la Turquie, et même quelque peu de
vin. M. Gamba eut le premier l’idée d’établir des
scieries. Son exemple fut suivi par le général
Major prince Eristaf, par le régiment d’Abkhasie.
Des étrangers industrieux apportèrent dans ce
pays leurs talents pour les y mettre à profit.
de la Moldavie, etc., Odessa, i 835, p. 178, fait monter les
frais de transport de Redoute-Kalé à Tauris, de trente à
trente-cinq francs le quintal.