l’une des extrémités du grand vestibule, et qui sert
actuellement de magasin à poudre, mérite une
attention particulière. Elle est voûtée, et la voûte
et les parois sont recouvertes de peintures à
fresque, très bien conservées , représentant
les scènes de la passion de Notre-Seigneur, avec
des saints et des légendes écrites en grec; j ’ai
copié la principale qui est peinte sur le champ
d’une niche (1) ; en voici la traduction faite par
M. Hase, de l’Institut de France.
« Souvenez-vous, Seigneur, du père Kyr
« Baouraph, serviteur de Dieu, qui a construit
<( ce temple et la coupole ; et lors de sa résur-
« rection avec les autres hommes^ ayez pitié du
(( catholicos. O Dieu, vous connaissez toutes
« choses, accomplissez cela. L’an 7. »
Celte inscription est remarquable : il paraît
que nous avons ici le nom et le tombeau du catholicos
Kyr Baouraph, qui fit construire un
temple et une coupole. Parle—t-il de la grande
église ou de cette petite chapelle ? Que signifie
proprement roupAsov, qu’on a traduit par coupole
?
L’autel actuel, placé au milieu du choeur, est
aussi une énigme qu’il sera difficile d expliquer.
Cet autel, qui causa chez moi le plus grand
étonnement, n’est qu’un amas grossièrement
muré de débris de marbre, colonnes, chapiteaux,
ornements, tous parfaitement semblables à ceux
qui ornaient les églises de Kherson, de Panti—
capée, de l’Aïoudagh en Crimée. C’est le même
style de sculpture, le même genre de croix semés
partout, le même marbre rubanné de blanc
et de bleu grisâtre, et ce qui est encore plus
frappant, c’est que les nombreux fragments de
colonnes et d’autres morceaux d’architecture
qu’emporta Vamek Dadian en 13qo environ,
pOur construire le vestibule de l’église delà Kho-
pi, sont aussi de même nature. D’où viennent
ces débris de Pitzounda ? d’où viennent aussi
ceux dont sont construits les deux petits vestibules
accolés aux bas côtés, et où vous reconnaissez
des débris de corniches, de colonnes
creuses, d’un goût qui marque la décadence des
arts ? Ces fragments sont d’une pierre calcaire
blanche qui approche de la pierre dite d’Inker-
man en Crimée, et parfaitement les mêmes
qu’une partie de ceux qui sont mêlés au marbre
de la Khopi.
L’on attribue la fondation de l’église de Pitzounda
à l’empereur Justinien, et on la place par
conséquent au milieu du sixième siècle.
Voici ce que Procope dit à ce sujet (1) :
(1) Procopius de Bello Gothico, Bonnæ, 1833, II, f\~ 1,
472 et 473.