presque le seul échantillon qui nous soit resté
intact de cette architecture. Les églises de Kher-
son,. d’Aïthodore , de l’Aïoudagh en Crimée,
celles d’Abkhasie, étaient pour la plupart bâties
dans le même style. Toutes étaient desservies
par quelque membre élevé de la hiérarchie :
éveque, archevêque ou archimandrite.
Les églises de villes ou de villages furent très
simples, et construites sur un même plan.
On imita aussi en Abkhasie et en Colchide la
manière romaine ou byzantine de bâtir, qu’il ne
faut pas confondre avec la manière persane. On
faisait un singulier mélange de la brique et de la
pierre de taille, les faisant alterner par lits, ou
construisant l’intérieur de l’édifice avec la brique,
pour réserver la pierre de taille pour l’extérieur.
Ce singulier mélange qui est très rare chez les
Persans, n’appartient qu’au style byzantin, à
1 ouest du Caucase, et dénote toujours des édifices
antérieurs au onzième siècle. Je mets dans
cette catégorie les églises d’Abkhasie, de Nako-
lakévi, de Tchamokmodi, le palais de Tsikhé-
darbasi, etc. Même les anciennes murailles d’Archéopolis
sont dans ce style-là.
En Géorgie, la plus ancienne église, fondée
en 3oo environ par Miriam, était en bois. Ce ne
fut qu en 3yo qu’on lui en substitua une en pierre;
bien long-temps les Géorgiens suivirent dans leurs
constructions le genre des Arméniens ; car les
Arméniens furent leurs maîtres. Depuis longtemps
la grande Arménie était un grand et beau
royaume, couvert de monuments de tous genres.
Terdat, contemporain de Constantin et grand
pmi des Romains au milieu desquels il avait été
élevé, avait voulu introduire en Arménie 1 architecture
grecque. Il construisit pour sa soeur
Khosrovitoükhd, ce magnifique temple ou palais
d’ordre ionique, dont on admire les superbes
ruines à Garni. La première eglise d Arménie
construite aussi sous Terdat, lors que saint Grégoire
l’illuminateur l’eut converti au christianisme
après l’an 2 j5 , eut ses frontons et ses
corniches ornés de caissons. Mais ce style se
perdit après Mithridate. Les Arméniens restèrent
fidèles à cet antique genre oriental, à ce luxe
d’ornements et de ciselures, à ces formes massives
qu’on remarque dans les portiques de Per-
sépolis, dans les tombeaux des rois, et qui
n’étaient peut-être que l’écho des monuments de
l’Egypte.... Combinant ce style avec les besoins
et avec la forme de leurs églises, ils se créèrent
une architecture sacrée à eux. Les églises de
Saint-Ripsimé et de Sainte-Kajane à Vagarchabad,
qu’on suppose être du sixième siècle, en sont le
prototype. Elles frappent surtout par le grandiose
et la simplicité de leurs proportions. Celles
qu’on construisit plus tard s’enrichirent toujours
davantage de sculptures et de ciselures; mais