du soir. La vie privée est une vie d’isolement.
Les femmes sortent peu, se montrent peu ; elles
ne remplissent aucune fonction quelconque de
la vie publique. Cependant, les jours de fêtes, on
les voit souvent aller se promener en famille,
dans des sites un peu écartés. C’est ainsi que du
haut des rocs de la forteresse, en face du Quamli,
j ’aimais à les suivre sans qu’elles s’en doutassent
dans ces combes mi-boisées qui s’ouvrent sur les
rives du Phase. Je prenais part de loin à leurs
jeux, à leurs courses; j’entendais leurs cris,
quand prêtes à être saisies, elles voulaient s’échapper
de la main du vainqueur ; des frères
des parents prenaient part à leur gaîté.
Quant à la jeunesse mâle, je la voyais le plus
souvent les jours du dimanche se réunir sous
quelques beaux arbres de Routais , pour s’y
amuser entre eux et surtout pour y danser des
rondes. Vingt à trente garçons se prenant par la
main, commençaient à tourner en cercle en
chantant, les plus jeunes répétant d’une voix
féminine un refrain auquel les plus âgés répondaient
en choeur par un autre plus court, d’une
voix basse et mâle.
J ai imite ce chant dans une ronde iméré-
tienne, dont voici une traduction tant soit peu
européenne.
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RONDE IMÉRÉTIENNE.
Refrain des jeunes.
Femme jolie.....
Avec brillants yeux,
Regards amoureux,
Taille accomplie,
Nez de houris,
Beau front de reine,
Sourcils d’ébène,
Menton de lys ;
Lèvres mi-closes,
Où sur deux rangs
L’ivoire des dents,
Perce les roses ;
Bras potelé,
Doigts de henné ;
Voile de neige,
Gentil manège ;
Air élégant,
Marche moelleuse,
Rire charmant,
Voix gracieuse;
La voulez-vous ?
Il est si doux
D’en être époux.
Mais femme jolie.....
Veut beaux rubans,
Refrain des plus âgés.
Fort bien.
Fort bien.
Fort bien.
Fort bien.
Fort bien.
Fort bien.
Fort bien.
Fort bien.
Fort bien.
Fort bien.
Fort bien.
Fort bien.
Fort bien.
Fort bien.
Fort bien.
Fort bien.
Fort bien.
Fort bien.
Fort bien.
Fort bien.
Fort bien.
Fort bien.
Fort bien.
Ah! oui.
Ah! oui.