sikhé, de Redoute-Kalé ne purent percevoir les
droits que pour des bagatelles. Le ministre des
finances annonça que ce nouvel ordre de choses
serait un essai pour quatre ans.
Malheureusement pour la Russie, la Perse n’a
point été réduite à l’alternative à laquelle on voulait
la réduire. Le commerce a pris une autre
route, ce que l’on ne croyait guère possible. Les
marchandises d’Europe débarquées à Smyrne
ou à Trébizonde ont été acheminées par Arze-
roum sur Tauris. Il n’a fallu que fort peu de
temps pour développer dans tout son plein ce
système de communication. L ’Angleterre a formé
à Trébizonde un immense établissement pour
exploiter à son profit avec la Perse le commerce
que la Russie bannissait de ses états. Les pachas
le voyant revenir chez eux se sont bien gardés
de l’opprimer, de l’enlacer d’obstacles comme
jadis : ils le protègent au contraire et le favorisent
de tout leur pouvoir. Smyrne, Trébizonde,
Arzeroum s’enrichissent chaque jour davantage,
tandis qu’Erivan et Akhaltsikhé surtout déclinent
de plus en plus. Quant à Redoute-Kalé, il
est tombé dans sa première nullité. Le commerce
avait fait oublier tous les désavantages de
sa position et même son insalubrité (i). S. Nicolas,
(1) Voyez sur le commerce du midi de la Russie, le
Mémoire de M. Jules de Hagemeister, Odessa, i 835. Ce
Poti, Soukoum—Kalé, Gagra, sont en première
ligne pour l’horrible insalubrité du climat. Redoute
Kalé n’est pas tout-à-fait aussi mal-sain.
J’ai dit que le bas de la Mingrélie et de l’Imé-
reth était un produit du Rion, de la Khopi et de
toutes les petites rivières qui débouchent directement
ou indirectement dans ce bassin. Ce sont
des attérissements sablonneux auxquels se
mêle cette fine substance alumineuse ou schisteuse,
que la plupart de ces rivières, et principalement
le Rion, entraînent en passant à travers
les parois schisteuses du coeur du Caucase.
La mer lutte sans cesse contre l’embouchure
des rivières, et forme en reculant petit à petit de
longues barres seches qui laissent derrière elles
des bas-fonds moitié mer, moitié marais, sources
de l’extrême insalubrité de ces climats. Pendant
les chaleurs cle l’été, ces bas-fonds marécageux s’échauffent
et se corrompent à un point incroyable.
Le vent de mer en emporte les exhalaisons dans
1 intérieur du pays, et l’Européen ne résiste guère
à celte infection mortelle. Quand le vent souffle
de l’intérieur du pays, c’est alors que Poti et Redoute
Kalé souffrent. Quelques causes locales
viennent encore ajouter à cette fatalité, comme
que je viens de dire de celui de la Géorgie était écrit
déjà avant que j’eusse fait la connaissance de l’auteur du
Mémoire, après jpon pptour du Caucase.