lui disant : Voilà qui est fait pour toi et non p a s
un cheval.
« Beaucoup de ces nobles ont des vassaux : ils
vivent indépendants les uns des autres et ne veulent
aucun autre supérieur que Dieu. Ils n’ont
ni loi écrite ni personne pour administrer la
justice. La force, l’adresse ou des arbitres terminent
leurs procès.
« Ces nobles se massacrent les uns les autres ;
le parent n’épargne pas le parent, ni le frère
son frère, et dès qu’un frère a égorgé l’autre, il
ne se fait aucun scrupule d’aller passer la nuit
suivante avec la femme du défunt ; car ils se permettent
tous d’avoir plusieurs femmes qu’ils regardent
toutes comme légitimes.
« Dès que le fils d’un noble a atteint l’âge de
deux ou trois ans, on confie son éducation à un
serviteur qui le fait monter à cheval et lui enseigne
à tirer d’un petit arc sur les poules, les
oiseaux, les cochons, etc. Puis, quand il est
plus grand, il fait lui-même la chasse de ces animaux
dans l’intérieur du domaine, et quand il
est homme, sa vie n’est qu’une chasse continuelle
de bêtes sauvages, et encore plus de domestiques
et même de créatures humaines.
« La majeure partie de leur pays est marécageuse
et couverte de roseaux et de joncs aeores:
ils ont des sentiers et des.passages secrets par
lesquels ils s’en vont furtivement piller les pau-
Très paysans, auxquels ils enlèvent leur bétail
et leurs enfants pour les vendre. Et comme dans
ce Pay s •> surtout dans l’intérieur des terres, on
ne fait usage d’aucune monnaie, tous les contrats
se font par boccassins, pièce de toile à faire
une chemise.
« On mène au Caire la plus grande partie de
ces esclaves, où ils passent de la condition la plus
basse aux premières places , et deviennent les
premiers seigneurs de notre siècle, comme sultans,
amiraux, etc.
« Leurs vêtements de dessus se composent
d un manteau de feutre, ouvert pour laisser
passer le bras droit ; ils ont en tête une barette
de feutre en forme de pain de sucre. Sous le
manteau ils portent des terrilicci de soie ou de
toile plisses de la ceinture en bas, comme l’antique
jupon romain...» Ils mettent des bottes et
des bottines très élégantes l’une sur l’autre, et
de larges pantalons de toile (calzebrache). Ils ont
de très longues moustaches.
« Ils portent continuellement pendue au côté
une petite bourse de cuir brodée par leurs
femmes, dans laquelle ils mettent un briquet :
ils ne quittent jamais non plus le rasoir et la
pierre à aiguiser, pour pouvoir se raser les uns
les autres, ne se laissant, sur le sommet de la
tete, qu une longue mèche de cheveux, pour
qu en cas qu’on la leur coupe on puisse l’empoi