Les Bagrat III et IV furent donc les fondateurs
d’une nouvelle architecture en Géorgie et en Imé-
reth. David II, son petit-fils, en faisant construire
Ghélathi à la fin du onzième siècle, copia presque
exactement le plan de Pitzounda , mais
adopta les ornements de Routais. Nikortkminda
et Martvili, sièges épiscopaux, datent à peu près
de cette époque, ainsi que l’église de Khatcheki.
Quant à la grande cathédrale de Mtzkhètha,
nous avons vu plus haut qu’elle avait été renversée
de fond en comble par Timour ; elle fut
reconstruite en i 4i 4 Par Ie r°i Alexandre, qui
l’orna d’une belle coupole qui s’écroula malheureusement
en i 656, et qui fut rebâtie la même
année par Rostom, roi mahométan de Géorgie. On
a imité la cathédrale de Routais dans l’ensemble
et dans nombre de détails (1).
Je me suis arrêté longtemps sur cette église
de Routais, parce que c’est non-seulement un
monument historique du plus grand intérêt ,
mais aussi parce que c’est le plus ancien modèle
d’une architecture remarquable. Je vais continuer
l’explication de mon plan.
i 4- Ce sont les anciens édifices qui entouraient
l’église et qui servaient de demeure aux
prêtres et au métropolite; un grand escalier,
et de Mingrélie dépendaient aussi du patriarche d’Ab-
khasie.
(1) Voyez Atlas, 20 série pittoresque,pl. 6.
en face du portique de gauche, servait a la communication
avec l’église.
C. Ville basse fortifiée.
i 5. Le mur qui la fermait à l’occident en prenant
de la grande tour ronde de l’angle, au fleuve,
avait six à sept pieds d’épaisseur, et était construit
à la façon, ju s des Romains, c’est-à-dire
avec des quartiers ou cubes de roc a 1 extérieur,
tandis que l’intérieur était rempli à l’aventure.
Peut-être date-t-il de constructions faites à Ou-
khimérium par les Grecs, sous Justinien. Maigre
ce genre grossier de maçonnerie, ce mur était si
solide que quand le tzar Salomon eut reçu la forteresse
des mains du comte Totlében, qu’il avait
prise d’assaut sur les Turcs, le 6 août 1770, et
qu’il voulut la détruire pour empêcher ses ennemis
d’y rentrer, on ne put parvenir à la renverser
avec la poudre que par bouts de 100 à i 3o pieds
de long tout d’une pièce. Quelques-uns de ces
énormes fragments sont couchés par terre ; d’autres
ne sont qu’à moitié renversés et restent là suspendus.
Deux fortes tours carrées, très épaisses,
qui soutiennent le mur près de la rivière, n’ont
aussi été que déchirées et à moitié renversées.
16. On avait percé dans ce mur une grande
porte d’entrée en pierre de taille. Güldenstâdt
l’a encorè vue ; aujourd’hui elle est entièrement
bouleversée : on y arrivait par un chemin avec
des marches taillées dans le roc vif.