une guitare à deux ou trois cordes; iis n’ont
qu a le montrer pour passer librement partout.
Leurs chansons ne sont point rimées ; elles conservent
certaines époques de leur histoire et les
anciennes traditions, comme chez les bardes
des Francs et des Celtes, et chez ceux de l’antique
Irlande.
Le Tcherkesse, de quelque classe qu’il soit,
est paresseux et se livre le moins qu’il peut à un
travail un peu pénible; il préfère courir le hasard
des brigandages à se livrer à une occupation qui
lui donne du pain : c’est surtout le cas chez les
Natoukhadjes, chez les Chapsoughes, chez les
Ouboukhs et chez toutes ces tribus montagnardes
peu favorisées parle sol. Là, le paysan laisse aux
femmes presque tous les soins du ménage; elles
vont même labourer la terre en la piochant ; car
ils n’ont point de charrue. Alors ces laborieuses
ménagères quittent même leurs pantalons pour
ne pas les déchirer et restent en chemise.
On voit que la femme, comme chez tous les
peuples qui mettent leur gloire dans le pillage,
est très subordonnée à l’homme, et sa servante
plus que sa compagne.
J’ai dit qu’on achète ici sa femme en payant
une forte dot qui va jusqu’à plusieurs milliers de
francs ; de cet usage à celui de vendre sa fille ou
sa nièce à un étranger, il n’y a qu’un pas.
De tout temps l’ancienne Zykhie, aujourd’hui
la côte de la Circassie, et l’Abkhasie ont été un
marché d’esclaves; voilà plusieurs milliers d’années
que cela dure ; on peut dire que des millions
d’habitants ont été ainsi vendus et transportés
dans d’autres contrées. Si j’étais plus hardi à décider
des voies de Dieu, je dirais que la Providence
a voulu recréer, renouveler d’autres races
dégradées en les mêhmt avec la belle race tcherkesse
; mais nous appartient—il de mesurer ainsi
l’intelligence suprême.
Strabon, Procope, lnlériano et tous les auteurs
modernes, parlent de ce commerce d’esclaves.
C’est devenu un besoin chez ces peuples que ce
trafic; mais il a certaines bornes que le Tcherkesse
ne dépasse pas.
Jamais un prince ni un noble ne vend sa fille
ou son fils, à moins que l’un ou l’autre ne lui
aient donné de graves sujets de colère : un père
cependant à ce droit sur ses enfants ; mais ce ne
sont que les pauvres gens qui en font usage,
pressés souvent par la misère ou endurcis par le
bri gandage. Une jeune fille ne regarde pas toujours
cet acte barbare d’un père sous ce point de
vue; quand elle est jolie, elle espère pouvoir
occuper une place dans un harem en Turquie;
avec ces idées romanesques, elle se tranquillise
; telle et telle autre qui a été vendue comme
elle, a reçu sa liberté et est revenue dans
son pays avec une petite fortune, et ses récits