Nogais, potifvu que ceux-ci les protégeassent
contre leurs sujets.
Mais ce ne fut pour les Tatàres qu’une marque
de faiblesse et un attrait de plus pour poursuivre
leurs brigandages. Ce manque de parole irrita
tellement les Tcherkesses qu’ils refusèrent le
tribut;
Le khan résolut de les en punir, et avec
le consentement de la Porte , il mit sur pied,
en 1705, une armee de 100,000 Tatares, et
marcha contre les montagnes du Bêche tau.
Les Tcherkesses se préparèrent à les recevoir, et
se sentant les moins forts, ils pensèrent d’user
de finesse. Les Tatares campèrent au pied d’une
haute montagne dans une longue plaine : les
tentes du khan et des chefs furent dressées
contre la montagne. Les Tcherkesses se retirèrent
dans l’intérieur des montagnes qui encaissent
le Baksan, et construisirent, dans les
passages les plus étroits de ces défilés, des retranchements
en pierres, qu’on appelle encore
aujourd’hui murailles de la Crimée (1). Les
Tatares se contentèrent d’aller à la maraude
de tous les côtés , les Tcherkesses ne voulant
pas engager d’action' générale. Enfin, faisant
semblant d’être effrayés de ce brigandage continuel
, les Tcherkesses envoyèrent des députés
(i)Pallas , Voyage dans les prov. mérid., 1, 429.
pour demander grâce et faire leur soumission...
On leur imposa de rigoureuses conditions auxquelles
ils acquiescèrent, promettant de remettre,
dans le courant de dix jours, le nombre de
jeunes garçons qu’on leur demandait, et dans
vingt celui des filles comme plus difficiles à
trouver et à choisir.... Au bout des dix jours ,
ils tinrent effectivement parole, envoyant en
même temps toutes sortes de provisions et de
liqueurs fortes.... Et la veille du vingtième jour,
lorsque toute l’armée, après s’être bien réjouie,
s’était livrée au repos ou l’ivresse les conviait,
une partie des Tcherkesses se glissent sur les
pentes de la montagne, et commencent à rouler
dé grosses pierres sur les tentes qui étaient au
bas . les autres, bien armes, se précipitent sur
le camp, sans donner aux Tatares consternés
le temps de se reconnaître. La lune guide les
Tcherkesses qui taillèrent en pièces un si grand
nombre de Tatares qu’il n’en échappa que fort
peu. Le khan y perdit un frère et un fils, son
camp et tout son bagage.
Depuis ce temps-ià, les Tcherkesses de la
Kabardah se sont trouvés libérés de toute domination
tatare ; ils recoururent de nouveau à la
protection de la Russie qui les protégea et à laquelle
ils prêtèrent le serment de fidélité.
Quant aux Tcherkesses des montagnes et des
bords de la mer, leur position les soustrayait