— 3i 8 ~
de la belle église de Dranda ou Daranda, autrement
dite de la Kodor. L ’évêque des Dandre-
liens (1) avait ici sa résidence. L ’intérieur, exactement
sur le même plan que celui de l’église de
Pitzounda, est néanmoins plus petit ; il est construit
en briques fabriquées Comme celles de
Pitzounda.
Le choeur était séparé jadis du temple par
une colonnade ën marbre blanc du même genre
que celui de la Khôpij les tambours étant assu-
jétis par une barre de fër qui les traversait, excitèrent
la cupidité dé quelques vandales montagnards
qui les ont brisés pour en avoir le fer, et
leurs débris Sont entassés parterre, tandis que-les
chapiteaux, dans lesquels il U-y avait pas de fer,
sont restés intacts et supérieurement conservés.
L ’extérieur est en pierres de taille.
Toute i’ëglise est recouverte d’énormes arbres
: joints à ceux qui sont enracinés Sur le
mur d’enceinte, construit en gros cailloux roulés
sans mortier, ils masquent si bien l’église
qu’on ne la voit que quand on est dedans, et de
la mer on prendrait ce massif pour un énorme
arbre isolé.
Le Chemin qui mène tout droit par terre de
Soukoum en Mingrélie passe à côté de cette
( i ) Vüy. Chardin, citant Dom Joseph Marie Zaïnpi,
dans la Relation de son voyage, %. t, p, n o , éd.
— 3ig —
église. Je tiens tous les détails que je viens de
donner de Daranda de la bouche du général
Vakoulski, le premier des gouverneurs d’Imé-
reth qui ait traversé ce pays en temps de paix,
sans être à la tête d’une armée.
L’aoûle de Tskhaba n’est pas éloignée de cette
ruine, et toutes deux commandent l’entrée de
la haute vallée du Tsébelda ou de la Kodor dont
j ’ai parlé plus haut. C’est une vallée dans le genre
de celle du Svanète, du Letchekoum, du Rateha,
etc., plus petite, cependant, quoique la plus
grande des hautes vallées de l’Abkhasie. Elle se
ramifie en plusieurs branches dans le sens dés
quatre ou cinq principales sources de la Kodor,
la principale des rivières de l’Abkhasie, qui débouche
dans la plaine basse par une gorge jurassique
aussi étroite que celles que j ’ai mentionnées
plus haut.
Les Tsébeldiens, comme tous les montagnards
du Caucase, aiment la liberté : connus jadis sous
le nom de Koraxiens, ils n’ont changé en rien,
depuis Strabon, leur manière de se gouverner:
conservant leur indépendance, ils ont un conseil
composé d"'anciens, qu’on choisit parmi les plus
puissants du pays. La famille la plus considérable
est celle des Khirpiss ou Khiripsi dont le
chef joue aujourd’hui le premier rôle.
Les principaux villages du Tsébelda soutDa ou