plus ; on faisait contre nous une fusillade qui ne
nous tentait pas.
Le cap Zenghi , l’extrême limite des Sacha,
s’avance dans la mer par une pointe basse, couverte
de superbes forêts de charmes, de hêtres
et de chênes. Du temps d’Arrien, l’une des
aoules qui sont complètement cachées sous ces
ombrages, nous aurait offert l’emplacement de
la ville de Nésis, qu’il place sur ce promontoire,
a l’extremite duquel nous devrions chercher les
ruines de quelque temple d’Hercule, qui lui avait
donné son nom (1).
Tribu des Afdona. Baie et rivière de Kamouichelar.
Enfin, c’est en face de l’anse profonde de la Ka-
mouichelar dans laquelle se jette la rivière assez
considérable de ce nom, la Caecari des cartes du
mojen-âge, laBorgys d’Arrien, que l’on aperçoit
pour la première fois les cimes neigeuses du Caucase.
Elles ont l’air de pyramides écrasées et forment
une suite de dents rocailleuses et nues, sur
quelques-unes desquelles la neige formait encore
le *? /“Xt une coupole brillante, tandis que sur
d’autres cimes elle ne paraissait que par bandes
remplissant de longues déchirures.
Les forêts montent très haut et encadrent
( i ) Arriani hist. Periplus ad Hadrianum, etc. Plinii,
Hist. natur., lib. V I, cap. 5.
d’une belle verdure les têtes chenues de l’Oche-
tène. Car c’est ce groupe' majestueux que nous
avons devant les yeux (1), ce même groupe qui
domine partout les paysages de l’Abkhasie jus-
qu’au-delà du cap Kodor.
Plusieurs étages d’autres montagnes, moins
élevées et boisées jusqu’à la cime, deseen-
dent par degrés jusqu’à la mer, et se teignent
de vert de toutes les nuances jusqu’à ce qu’il
se perde dans le lointain sous une teinte nébuleuse,
Toutes les gorges nombreuses qui coupent
ces montagnes qui s’ouvrent sur le rivage, prennent
un caractère sauvage : les forêts magnifiques
ne servent plus de franges aux champs et
aux enclos î la vigueur de la végétation l’emporte
sur les travaux de l’homme et d’une population
qui paraît diminuer sensiblement à mesure
qu’on approche de Gagra. Les ruisseaux
sont mieux alimentés.
Tel est le pays qu’habite la dernière tribu des
Tcherkesses, vers l’Abkhasie, celle des Ardona.
Cette côte cependant semble, dans l’antiquité,
avoir été plus peuplée, plus fréquentée, plus civilisée
qu’elle ne l’est à présent.
Je sais bien que c’est précisément ici que
Strabon plaçait ses Phtirophages, qu’on tra-
(1) Voyez Atlas, 2e série, pl. 2.