neaux. On peut se promener très commodément
tout autour, et la vue ne manquerait pas de
charme et de magnificence, si l’on n’était à Soukoum.
L ’intérieur de la forteresse ne contient que
quelques bâtiments délabrés qui servaient à la
résidence de l’ancien pacha Kéliche-Bey et dans
lesquels demeurent le commandant et les officiers
de la forteresse. Les casernes sont misérables.
Toute la parure de cette forteresse consiste
en quelques cerisiers, grenadiers et poiriers
qui ombragent le quartier dévasté du commandant.
Les fortifications ne sont pas dans un
meilleur état : un des bastions s’est à moitié
écroulé dans la mer; des fentes se présentent
partout et partout le figuier sait trouver, dans
ces fentes, place pour ses grosses racines, en
compagnie avec le grenadier.
Le seul objet intéressant qu’il y ait à voir
dans la cour, ce sont les tombeaux des anciens
pachas et princes du pays, Kéliche-Bey
et Saphyr-Bey, père et grand-père de Mi--
çhel-Bey, prince actuel. L ’emplacement où ils
sont sert de pare d’artillerie, et les piles de boulets
russes pèsent sur leurs cendres.
Sur la porte de l’ouest se lit une longue inscription
arabe. La porte de l’est était celle qui
s ouvrait sur la ville même de Soukoum.
Jadis toute cette petite plaine d’un verst et
demi de large, qui s’étend a 1 est de la foi teiesse
jusqu’au pied des collines et jusqu’a la quarantaine
actuelle, était couverte de maisons et de
bazars. Soukoum alors avait une population
de six mille ames. Des canaux murés menaient
l’eau de la Baslata dans tous les quartiers
; on avait construit en briques, à son embouchure
, un petit canal pour la commodité
des petits vaisseaux turcs. Il ne reste plus rien
de cet ancien Soukoum que quelques traces
de maisons et de rues, encombrées de ronces et
de hautes herbes ; une muraille qui défendait la
ville du côté de la mer, n’existe plus que par
lambeaux rongés continuellement par les flots;
les canaux bouchés ne coulent plus; les fossés
qui entourent la forteresse sont en partie comblés
; la Baslata, arrêtée dans son cours, se perd
dans des marécages qui, au coeur de l’été, empestent
tellement l’air, qu’après Poti et St-Nico-
las, Soukoum peut passer pour l’endroit le plus
mal-sain des possessions russes sur ces rivages.
La garnison de cent hommes languit et dépérit
par des maladies. Et cependant il ne s’agirait que
de nettoyer ces canaux de la Baslata, de dessécher
ces marécages factices, et certainement
Soukoum serait aussi sain que tout autre endroit
de la côte. Mais qui exécutera une entreprise
pareille? Ce ne sont pas les soldats qui ont déjà