asile, comme une abeille chargée de son trésor,
et pendant que je repassais, que je complétais le
travail de la matinée, je faisais cuire mon dîner
tout doucement. Le garçon du pope voisin venait
le matin me demander mes commissions
pour le bazar, me pourvoyant de vin, de viande,
de galettes grecques qui tiennent lieu de pain,
de millet, de melons d’eau et autres fruits.
Souvent nous étions fort embarrassés, moi de
lui expliquer ce que je voulais avec le mince vocabulaire
de M. Gamba, lui de me comprendre.
Nous nous désespérions quelquefois ; mais un
passant charitable, qui savait un peu de russe,
venait nous tirer d’embarras.
Mon repas achevé, j ’attendais tranquillement
sur ma galerie, d’où l’on jouissait d’une charmante
vue, que le fort de la chaleur fût passé,
pour aller reprendre mon poste parmi les ruines
et recommencer mes dessius. Dix jours ainsi
sont trop vite passés.
ROUTAIS
ET SES HABITANTS.
La population de Koutaïs, qui dépasse
2,000 ames, sans compter le militaire, se compose
d’un mélange d’Arméniens, de Juifs, de
Géorgiens, de Russes ; il s’y trouve aussi quelques
Turcs et quelques Grecs.
Les Arméniens s’occupent presque tous de
commerce : quelques-uns ont même fait le voyage
de Leipsig : leurs boutiques dans le bazar sont
nombreuses ; ils vendent principalement des articles
manufacturés européens, russes ou turcs.
Ils appartiennent à deux confessions; la meilleure
partie d’entre eux sont Arméniens catholiques,
et leur église, qui est toujours remplie
aux jours de fête, est desservie par les pères capucins
qui ont aussi'soin de l’école. J’ai été
étonné le dimanche, au sortir de la messe, de
voir la beauté des jeunes Arméniennes, qui s’en
retournent à demi-voilées chez elles. Leur costume
était riche, en général, et ressemblait à
celui des Géorgiennes, mais elles en diffèrent un
peu par les traits. Les Arméniennes ont les chè-
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