autre époux que ses parents lui avaient destiné.
Ils voulaient la marier a un prince chapsoughe,
voisin des Natoukhai de Pchade. Moudrov avait
été aidé par les fils de Mehmet-Jendar-Oglou,
qui s étaient mis en embuscade avec lui sur le
passage de Djantine. Mais l’affaire s’apaisa plus
tard* et ce ne fut que plusieurs années après que
les Russes furent forcés de quitter Pchade.
La position de Pchade paraît si avantageuse et
si favorable, qu’on serait fort étonné que les
Grecs, qui savaient si bien profiter de ces circonstances
locales, ne l’eussent pas fait. M. Taitbout
de Marlgny, qui eut l’occasion de parcourir les
environs à loisir, rapporte dans son voyage qu’il
visita un chemin assez large qui conduisait à une
ancienne fi rteresse, dont on voyait les ruines
sur le sommet d’une montagne qui dominait la
vallée au S.E. de Pchade.
Toutes les pentes des collines qui entourent
Pchade sont aussi semées de tumulus plus ou
moins grands, dans lesquels M. Taitbout trouva,
à trois ou quatre pieds de profondeur, des vases
en terre cuite remplis de cendres mêlées de
boutons de cuivre, d’anneaux de même métal
et de quelques ustensiles en fer, devenus méconnaissables
par l’oxidation. Il découvrit aussi
dans l’un une longue et forte épée avec le fer
d’une pique posés en croix sous une couche
de charbon, et plus bas, un vase sans bord, renversé,
renfermant les mêmes objets que je viens
d’indiquer (i).
Qui a vu les ruines des cités grecques du Bosphore
et de la presqu’île de Taman, dont les
abords sont encombrés de tumulus, ne méconnaîtra
pas ici la main du même peuple et le résultat
des mêmes moeurs. Il n’y a pas de doute
que Pchade n’ait joué un rôle même dans la plus
haute antiquité. Tous les anciens auteurs, Scy-
lax, Strabon, Pline, Appien, e tc ., placent les
Akhéens sur la côte qu’occupent actuellement
les Natouchai, depuis Soudjouk-Kalé jusqu’au-
delà de Pchade, et je prouverai dans mon commentaire
sur Arrien, que son antique Achaie,
( TraÀata ayaia ) ne pouvait être autre chose que
le Pchade de nos jours.
Ptolémée mentionne cette localité sous le nom
de bourg d’Achaïe (ayoua xwfin).
Pchade ne reparaît plus tard que chez les géographes
italiens du moyen-âge. C’est le Mauro
Zega dePetrus Vessconte d’Ianua(i3i 8) et de
Fréduce d’Ancone (±497) ; Ie Maura Zichia de
Gr. Benincasa ( i38o), etc.
Aujourd’hui Pchade paraît destiné à redevenir
quelque cbose ; car le général Villiaminoff s’en
est emparé pendant l’été de 1837 et s’y est fortifié.
( 1) Taitbout de Marigny, éd. Klaproth, I, p. 34o et 344•