architecte n’avait encore pu se résoudre .à aller,
au risque de sa santé, en relever le plan et en
vérifier l’état de conservation. Le baron de Rosen
n’eut rien dé plus pressé que de me demander
une copie des dessins et des plans que j ’avais
faits; non seulement ils ont été envoyés à St-Pé-
tersbourg, mais à mon insu et contre ma volonté,
le baron lès fit lithograpliier à Tiflis : c’était
abuser de ma complaisance 1
Quant à l’état de Pitzounda quand j’y ai été,
il permettait une réparation; les seules grandes
brèches qu’ait reçues l’édifice, étaient une grande
fente et un trou daqs la coupole, occasionés
par la foudre, et la chute de la voûte du vestibule
supérieur ; outre cela, le temple était entier.
Les restes des bâtiments qui ont dû entourer
l’église, ne sont pas considérables; les habitations
du patriarche et des prêtres étaient sans doute
deboisàla manière du pays. Les seuls objets qui
soient restés debout, sont trois petites chapelles
ou cellules, au couchant de l’église : elles sont
aussi bâties moitié en briques, moitié en pierres.
L’église possédait, à quelques pas au levant
du choeur, un puits de source d’une eau délicieuse;
une partie de la voûte subsiste encore,
couverte d’une masse touffue de verdure et de
vigne. Il n’est rien de riche en général comme
la nature en Abkhasie, pour savoir parer avec
luxe ses ruines et couvrir de fleurs un tombeau.
J’ai parlé de cette ville ruinée où l’on alla arracher
les matériaux dont on construisit le mur
de l’église. Cette ville c’est l’antique Pithyus,
Pitzounda, et, selon la prononciation des habitants
du pays et des Géorgiens, Bitchvinda ou
Bitchvinla, bâtie à un quart de verst de l’église,
au N. 0 . Sa vaste enceinte, bâtie en carré, était
fortifiée de tours ; les tronçons de quelques-unes
ont une toise et demie de haut. Les broussailles
et le lierre recouvrent ce rempart ruiné. On y
reconnaît la distribution des rues et des places ;
beaucoup de maisons sont à demi sur pied, et
on y lit nombre d’inscriptions turques, arabes ;
il y en a même de grecques et de latines avec
des dates de i 5oo et 1600.
Je ne garantis pas ces dernières assertions;
car je n’ai pas eu le bonheur de voir ces, ruines.
Personne dans le fort ne me les a mentionnées,
quoique je sois descendu deux fois à Pitzounda
pour y faire des recherches.
La compagnie qui est commandée à Pitzounda
s’est établie au dedans du mur de l’église ; on y
a bâti une bonne caserne en bois. Des Abkhases
qui demeurent dans un hameau à quelque distance
viennent y vendre des fruits et des légumes.
La rade de Pitzounda fut, au printemps i 833,
peu de temps avant notre arrivée, le théâtre du
naufrage d’un vaisseau de transport de la marine,
qui fut jeté tout à coup en plein midi sur le ri