système d’éducation existe aussi chez les Abkha-
zes et chez une partie des Géorgiens. Les parents
ne paient au gouverneur, atalik en turc, ni sa
peine, ni l’entretien de l’enfant ; mais lorsque
l’élève est parvenu à l’adolescence, il donne à
son atalik la meilleure part du butin qu’il peut
faire dans les pillages ou à la guerre, tant qu’il
reste chez lui. Le gouverneur apprend aussi à
son élève le grand art de l’éloquence et du raisonnement
, afin qu’il puisse briller dans les assemblées
ou diétines improvisées où se traitent
les intérêts de la nation.
C’est aussi lui qui se charge souvent de marier
son éleve ; dès qu’il a trouvé la personne qui lui
convient, il l’enlève aidé de ses amis, et paie
ensuite en se cotisant avec eux le kalim ou la dot
que l’on doit remettre aux parents comme prix
de la fille ; ce kalim, qui est réglé à l’amiable, consiste
en fusils, sabres, boeufs, chevaux, etc. (1).
Mais le gouverneur répond sur sa tête d’une
pouvoir constater l’idendité de l’enfant qu’il recevait,
avec l’adolescent qui rentrait dans la maison paternelle.
V . i l ,
( i ) Cet usage appartient aussi aux temps héroïques de
la Grèce : Agamemnon voulant donner l'une de ses filles à
Achille pour Fapaiser après l’enlèvement de Briséis, dit :
« Que loin d’exiger de lui les dons accoutumés, il dotera
sa fille d’immenses richesses.» Iliade, eh. IX , p. i 5i ,
trad. de Bitaubé.
mésaillance qu’il pourrait faire pour son élève.
L ’époux qui ne trouve pas pure la femme qu’il
a épousée a le droit de la renvoyer, en gardant
le kalim, à ses parents qui la tuent ou la vendent.
Le père ne revoit son fils en général que quand
il est marié ; c’est alors l’époque de sa rentrée
dans la maison paternelle ; elle est célébrée par
une grande fête, où tous les parents sont invités,
et après laquelle l’atalik s’en retourne chargé de
présents, et jouissant dans la famille de son
élève d’un degré de parenté que rien ne peut détruire
: quand il est serf, on l’élève au rang des
nobles. D’ailleurs celui-ci lui conserve un attachement
inviolable, qu’il est facile de concevoir
par la froideur qui doit exister entre un père et
un fils qui ont appris à se connaître si tard.
Les .filles des princes de la Kabardah sont aussi
élevées comme les fils, et sont remises à des
gouverneurs, qui leur font apprendre les ouvrages
du sexe et les marient, en ayant soin de choisir
un époux d’un rangsortable; car ils en répondent
aussi sur leur tête ; je ne sais si cette éducation
des filles est de même répandue chez les
peuplades du bord de la mer.
Le Tcherkesse de la côte est assez grand ;
il a la taille élégante et bien prise et il cherche
sans cesse à augmenter ce genre de beauté en se
serrant la taille avec une ceinture de peau. Sa
démarche est gracieuse et légère ; il a la tête