de Constantinogorsk, où, sur une colline isolée à
droite de Podkoumok, s’élève un dernier rein-
part qui en couronne le sommet couvert de terre
végétale : les Russes lui donnent le nom de
Czorna gOra (montagne noire).
Ici l’on atteint les vastes plaines au milieu desquelles
s’élève le Béchetau comme un phare au
milieu du desert. Ce Béchetau fut toujours un
point de mire, un point de centralisation pour
les peuples nomades des steppes qui séparent
la Mer-Noire dè la mer Caspienne : les plainës
fertiles qui l’entourent furent souvent disputées,
prises et reprises, d’autant plus que les sources
merveilleuses des bains du Caucase s’échappent
toutes dans son voisinage. Je parlerai en son lieu
de cette localité célèbre.
Je ne poursuivrai pas plus loin cette route dé
commerce dans les vastes steppes où elle s’égare
au milieu des tribus nomades.
La route que je viens de décrire fut celle
par où Sarodius, roi des Alains, fit passer Zè^
march, ambassadeur de Constantinople qui revenait
de la cour de Dizaboul, khan des Turcs, qui
campait au mont Ektel ou Altaï, et auquel les
Persans avaient dressé des embuscades. Mé-
nandre l’appelle le chemin de Darina (1). Nous
avons vu que Da était le principal village de la
(1) Jules lilaproth, dans leVoy. de J. Potocki dans
haute vallée de la Kodor à laquelle Guldenstadt
donne le nom de Dal; on appelle aussi Urdam,
les montagnes calcaires dans lesquelles une partie
de la vallée est encaissée (1).
Il est certain que si jamais la Russie veut maîtriser
et civiliser le Caucase, son premier soin
doit être de chercher à rétablir, si le terrain
le permet, cette grande route. Elle mettra les Ka-
bardiens hors de rapport avec les Tcherkesses
de l’ouest du Caucase. Elle morcellera les peuples
et interceptera leurs communications. On
s’ouvrirâ une route directe vers l’Abkhasie, l’une
des plus belles possessions des Russes au sud du
Caucase et l’un des plus beaux pays de la terre,
susceptible des cultures les plus riches et les plus
variées. On donnera à ce pays un grand élan en
lui ouvrant une route de commerce courte et
sûre avec l’est de la Russie. On pacifiera ce malheureux
pays eu maîtrisant d’une main forte ces
brigands de montagnards du Tsébelda toujours
prêts à tomber comme des oiseaux de proie sur
l’Abkhasie et la Mingrélie qu’ils ravagent. Ce
sont des routes courtes et commodes qui peuvent
seules rendre la Russie maîtresse du Caucase.
Forte comme elle est, il lui faut en un clin
les steppes d’Astrakan, etc., I, 218. Lebeau, Hist. du
Bas-Empire, ëd. St-Martin, t. X, p. 70.
(1) Guldenstadt, p. i 33, éd. Klapr.