, Melmiet-Jendar-Oglou, conak des Russes,
protégeait, avec la plus grande bonne foi, leur
commerce; il désirait ardemment contribuer à
faire réussir ce projet de pacification et de civilisation.
Mais la coupable négligence de M. de
Scassi arrêta tous les bons effets de cette entreprise.
Depuis plus de sept ans qu’on était en relation
avec les Tcherkesses, on n’avait pas fait les moindres
progrès : on demeurait stationnaire, et des
sommes considérables destinées à activer l’entreprise,
se fondaient on ne sait où. On me trouvera
sévère, étant lié avec M. de Scassi par les
liens de l’hospitalité, de dévoiler ainsi la vérité ;
mais elle a été dite avant môi, elle importe, et la
justice des nations va avant les intérêts d’un particulier.
Les années s’écoulaient et l’on ne voyait aucun
résultat quelconque de ce projet. Les Tcherkesses
des montagnes, fidèles à leurs habitudes
antiques et toujours tels que les avaient dépeints
Strabon, Intériano, etc., sans cesse passaient le
Kouban, se cachaient dans les roseaux et allaient
piller et ravager les villages du territoire russe.
Deux circonstances graves vinrent encore
prouver bien mieux la vanité des espérances
qu’on s’ était faites, et servirent à désillusionner
la Russie.
On venait de mettre le siège devant Anapa en
1829, et le prince Mentchikof commandait l’expédition;
M. de Scassi fit tout au monde pour en
arrêter la poursuite, prétendant que c’était manquer
de bonne foi et de politique envers les
Tcherkesses, si près de se soumettre à la Russie.
— Mentchikof lui prouva que cinq mille Tcherkesses
servaient parmi les Turcs, et lui ferma la
bouche ; ce fut le commencement de leur inimitié.
La seconde affaire qui perdit M. de Scassi, ce
fut lorsqu’il s’avisa de faire mettre en jugement
un général qui venait de battre trois mille
Tcherkesses et d’en noyer dix-sept cents dans le
Kouban, à Kolaus, lorsqu’ils venaient de piller
les villages russes... M. de Scassi eut le front de
les défendre, et de prétendre qu’ils étaient du
nombre des Tcherkesses paisibles et fidèles. La
chose parut trop ridicule.
Le gouvernement ouvrit les yeux : le prince
Mentchikof surtout en voulait à M. de Scassi,
qui fut enfin mis en jugement, et trop heureux
d’obtenir grâce......
Le gouvernement abandonna ses idées si misérablement
exécutées, pour se porter entièrement
vers des moyens de rigueur et de représailles.
On voulut, coûté que coûte, soumettre
les Tcherkesses et arrêter leurs brigandages par
force, puisqu’on ne pouvait pas les y engager de
bonne grâce.