serait encore un des principaux débouchés de
l’Abkhasie si les mesures sanitaires n’avaient
forcé la Russie d’en interdire l’abord.
La gorge de la Khipsta,,plus dilatée, plus riante
et plus boisée, s’ouvre pour laisser voir par
échappée les flancs déchirés et schisteux de
1 Ochetène, marqués dé rubans et de taches de
neige. LaKhipsta se promène aussi comme la Mitchichetché
dans la plaine de Bambor, et après de
nombreux détours, se jette dans la mer à trois ou
quatre verst de la première. Sur sa rive droite sont
Mougoudzourkva, Komkiamla; entre sa rive
gauche et la petite rivière de Sououksou est le
grand village de Douroupche.
Cettre troisième gorge, qui s’ouvre au-dessus
de la colline que couronne l’église de Lekhné est
celle de la Baklanka dont l’embouchure est à
moitié chemin entre Bambor et Anakopi. Au-
dessus de cette gorge se présentent les cimes
d’ou partent les sources du grand Zélentchouk.
Les cimes d et 6 sont composées d’une masse
noire, dont les blocs, les pointes, les masses déchirées,
hérissent les surfaces; c’est quelque
porphyre pyroxénique. On y distingue d’immenses
moraines de blocs éboulés, et un vaste
champ de neige et dé glace repose dans la dépression
entre les deux cimes : la neige ne tient
pas sur les cimes plus escarpées qu’elle ne fait que
toucher.
Les forêts ne remontent toujours pas jusqu’au
sommet de la muraille jurassique; on voit son
long dos sillonné, dentelé, sortir de la verdure
pour monter au-dessus de la végétation des arbres
comme à Gagra : les pins terminent aussi
ce cycle de végétation. Les cimes paraissent très
nues et seulement recouvertes d’un léger réseau
déplantés.
On ne peut pas apercevoir la pointe jurassique
qui est dans la direction * et qu’on appelle le chapeau
de Saphyr-Bey; elle est masquée.
Le défilé de la Kotoche se présente, avec ses
pentes fortement ravinées, 1 à l’exlrémié du
paysage à l’ouest. La pointe de Gagra se cache
derrière les collines de sable.
Des chemins mènent de l’Abkhasie, entre les
cimes de l’Ochetène, sur les bords de la Laba,
par les défilés de la Mitchichetché et de la Baklanka
: c’est par-là que Michel-Bey s’attend à
voir fondre sur lui les Abadzes. Ces passages ne
sont praticables que dans le coeur de l’été.
Nous trouvâmes dans la rade de Bambor un
vaisseau génois commandé par Paul Boso, qui
avait obtenu d’y prendre un chargement de buis ;
c’est toujours un des principaux articles du commerce
d’Abkhasie, et nulle part on ne trouve du
plus beau buis, en si grande quantité et à si bon
marché. Le buis croît, comme je l’ai dit, jusqu’au
bord de la mer, dans les forêts de Bambor ; mais