assez régulières ont de un à deux pieds d’épaisseur
et sont disloquées par grands blocs. Ces
couches sont cintrées, inclinées et leur extrémité
plonge en biaisant un peu dans la' mer.
Coupées perpendiculairement à l’axe par cette
énorme fente qui constitue la gorge de Gagra,
elles correspondent d’un flanc de la gorge à
l’autre (1).
C’était au débouché de cette gorge, au bord
du ruisseau qui s’en échappe , qu’était resserré,
entre le pied escarpé de la montagne
et le rivage de la mer, sur une plage de trois
cents à quatre cents pas de large, l’antique et
triste Gagra.
A droite et à gauche cette plage se rétrécit
jusqu’à n’avoir que la largeur de quelques toises;
elle longe d’un côté des escarpements inabordables
; de l’autre, battue par les flots, c’est un
vrai défilé des Thermopyles. Tel est l’unique
point de communication praticable qui existe
entre l’Abkhasie et les tribus tcherkesses du
Djikhèti actuel.
Gagra, au milieu du défilé, était la porte qui le
gardait. C’était un château-fort dont les doubles
murailles s’étendaient de la mer au rocher. Un
long corridor ou galerie Séparait Ces dieux murailles;
l’on entrait par—là dans de grosses tours
( t ) Voyez Atlas, a® série, pl.
carrées^ basses, adossées de part et d’autre à là
double muraille. Elles sorit construites en gros
cubes de cette roche jurassique de Gagra, et
voûtées solidement avec les mêmes matériaux.
Ces tours servaient d’habitation. On pouvait
ainsi repousser l’ennemi, qu’il vînt d’un côté ou
de l’autre du défilé dont on était le maître.
Un espace carré enfermé aussi d’une muraille
dont les traces ont presque disparu, était adossé
du côté du nord à cette fortification. Il n’ est
resté de ce côtédà que l’église construite en gros
blocs comme les tours et les murailles et voûtée
de même. C’est ce qu’on peut Voir de plus brut,
de plus simple en fait d’église des premiers
temps (i). Rien qu’une nef en plein-cintre, un
choeur semi-circulaire au levant, un vestibule
ou pronaon au couchant, et deux portiques bien
grossiers sur les côtés. Point d’ornements quelconques.
Les Russes en ont fait un corps-de-garde
et un magasin à pondre.
L ’extérieur porte le caractère de toutes ces
ruines de la côte d’Abkhasie. Des touffes de
vigne et de clématite sarmenleuse s’enlacent et
forment des guirlandes sur ces murailles informes.
Un énorme figuier, qui avait pris racine sur
le faîte delà voûte, s’était desséché par l’âge et
servait d’appui à la sentinelle attentive pendan t
¡ I f Voyez Atlas, 3e série , architecture, pl. 20.