net des prétentions de son neveu, prétendant
qu’au contraire c’était à lui à demander une
cruelle vengeance d’un attentat aussi impudent
commis sur sa personne, et il exigeait que Michel
Bey lui remît les coupables ou les fit périr.
C’était renvoyer Michel-Bey, et surtout ceux
qui l’entourent, bien loin de compte; car ce
prince n est pas de nature à être maître chez lui.
Il est d’abord gouverné par sa mère, soeur du
prince Dadian, et ensuite il est à la tête d’un
peuple qui est bien plutôt son maître qu’il n’est
le leur.
Toute 1 Abkhasie est sur pied et la guerre est
presque déclarée; il n’y a de sûreté nulle part;
les partis s’observent.
Hassan-Bey sentant bien que malgré la justice
de sa cause, il ne serait pas appuyé par le
gouvernement qui n’approuvera pas qu’un vassal
se révolte contre son souverain, a appelé à son secours
les Tcherkesses, dont il menace son neveu.
Vrai ou non, il lui a fait croire qu’ils allaient
venir l’attaquer en trois corps, dont l’un viendrait
par mer avec des galères, l’autre suivrait le
rivage de la mer, tandis que le troisième lui
tomberait dessus du haut des montagnes.
C’est cette nouvelle qui effrayait pour le moment
Michel-Bey qui, ayant envoyé des ambassadeurs
a son oncle, n’avait rien pu obtenir de
lui aux conditions qu’il lui offrait... Celui-ci
voulait mettre la décision de l’affaire à des arbitres
, parmi lesquels il voulait appeler le prince
Katsomargagni que Michel ne voulait pas accepter.
Et les Russes étaient là entre deux feux, prêchant,
menaçant, conciliant sans pouvoir obtenir
la paix.
Dans cette attente d’une visite des Tcherkesses,
le moment n’était pas favorable pour faire des
excursions, et malgré ses offres de protection, de
convoi, je crus plus sûr, pour le moment, de renoncer
à toute entreprise de ce genre.
Le prince Michel est grand de taille, bienfait;
il a le nez long des Géorgiens, les cheveux noirs;
mais sa physionomie n’a rien de spirituel. Il
portait, quand il nous reçut, l’habit géorgien. A
Tiflis il revêt l’habit des gardes de Préobazinski
dont il est l’un des colonels.
Quoique chrétien, il ne s’est pas fait beaucoup
de scrupule de prendre plusieurs femmes qu’il
a répudiées les unes après les autres quand elles
ne lui convenaient plus.
Il passe pour avare et on cite de lui plusieurs
traits qui ne lui font pas honneur. Il va souvent
à la forteresse, où il boit, mange, s’amuse tantôt
chez l’un, tantôt chez l’autre, et quand on va
chez lui, à peine tend-il un verre d’eau à ceux
qui lui ont rendu les plus grands services ; je l’ai
vu de mes yeux.