lines prennent un autre earactère ; elles grandissent
et deviennent des montagnes qui se
perdent sur plusieurs rangs au fond de la vallée.
Le Caucase s’annonce de loin j cependant
les forêts sont toujours entremêlées avec les
champs.
Si les montagnes s’élèvent, les rivières deviennent
aussi plus considérables. La Soutchali ou
Sotcha (1) est la plus grande rivière du Djikhèti:
elle a aussi le plus long cours et vient du revers
des mêmes montagnes qui alimentent la Bélaïa
ou Sagvaché (2).
La Soutchali est l’Achéus d’Arrien, la limite
qui séparait les Zikhes au nord, des Samighées
(ou Saghides) au sud.
Telle est cette côte que je viens de décrire, de
l’ancien Djikhèti des Géorgiens, de cette Zikhie
d’Arrien que Mithridate eut tant de peine à traverser,
tant par la difficulté des lieux que par
l’ardeur guerrière des habitants. On voit que
c’est à peu près toute la côte qu’occupent aujourd’hui
les Chapsoughes et les Ouboukhs.
Fagourka. Sotchéou Satché. Cap Zenghi.
Au sud-est de la Soutchali, ou Achoeus, s’éten-
(1) Chakho, carte de l’état-major, 1834- Ssountschali,
C, Klaproth, 1814-
(2) Chahadgacha, C. Khatof.
dait vers Gagra le peuple des Sannighes d’Arrien
et de Pline, que Procope nomme Saghides.
Nous trouvons encore dans la même localité la
tribu tcherkesse des Sacha ou Sakhi qui ont pour
frontière, vers le sud, le cap Zenghi, l’ancien
promontoire d’Hercule. Comme les Ouboukhs,
ils n’ont que peu de côte et habitent deux ou
trois longues vallées toujours plus sauvages, au
fond desquelles écument la Séga, la Sioépé, la
Satché ou Sotché.
Sur les rives de la première s’aperçoit le bourg
de Fagourka, le Hamorka de Chardin et de de la
Motraye (1).
Sur celles de la Sotché ou Satché est le village
de ce nom : c’est dans le voisinage de ces
deux localités que nous devons chercher la Ma-
sética d’Arrien.
Nous aperçûmes près du village de Sotché
un petit vaisseau turc amarré pour faire des
échanges. A l’instant où les habitants du pays
nous aperçurent on les vit accourir de toutes parts
pour secourir l’équipage turc qui s’était sauvé à
terre, supposant que nous chercherions à nous
en emparer. Un ou deux boulets que nous leur
tirâmes ne portèrent pas, et voyant tant de
monde, nous ne voulûmes rien hasarder de
( i ) Voyez la carte du Voyage de Chardin et de de la
Motraye, Voyage en Europe, en Asie, t. Ier, carte B.