que, 1 Abkhasie était dans un état très florissant *
elle était couverte de villes, de châteaux, d’églises
, de monastères. De la Kodor à la Tskhé-
nitskali, on ne comptait pas moins de douze
évêchés ; six furent plus tard convertis en abbayes.
Les six évêchés étaient Dandar, résidence
d’un métropolitain, Mokvi, Bédia, Tsaïchi (i),
Tchéléki (2) et Martvili (3). Güldenstâdt fait
même de Dandar et de Mokvi des archevêchés
(4).
Les évêchés devenus abbayes étaient Tgua-
gia (5), Hippurias sur l’Ingour, Khopi ou Obbou-
ghi sur la Khopi, ancienne sépulture des Dadians,
Sebastopoli, ruinee par les eaux, à l’embou—
(1) Tchaisi, carte de Delille. Archange Lamberti écrit
Ciais, Recueil de voy. au Nord, t. VII, p. i 36.
(2) C’est ainsi qu’on trouve ce nom dans la carte d’Alexandre,
roi d’Ime'reth (1738); Archange Lamberti écrit
Scalingicas ; c est le Czelandjiki de la carte du gén. Khat.
le Tchéliandjikhi de la carte de l’état-major (4 833).
L’église principale était dédiée à la Ste-Vierge, et c’était
la sépulture des princes du pays.
(3) Martvili dont 1 église était dédiée aux saints martyrs,
est écrit Scondidi par Arch. Lamberti. L’évéque de Martvili
porte effectivement le titre de Tskoïndcli Episcopi.
(4) Beschreibung der Kauk. Lânder, éd. Klaproth,
p. i 3i.
(5) Arch. Lamberti, Recueil de voy. au Nord, t. VII
p. 137, écrit Chiaggi ; j’ignore sa position.
chure du Phase (1), Anarghia ou Héraelée à
l’embouchure de l’Ingour (2).
L’état florissant de l’Abkhasie ne dura qu’autant
que la puissance de ses rois devenus rois de
Géorgie. J’ai dit plus haut comment ce pays,
devenu la proie des Dadians de Mingrélie dont
la frontière remontait le long de la côte primitivement
jusqu’aux Ziches, fut tourmenté par des
invasions continuelles; les Tcherkesses d’un
côté, les Turcs de l’autre ont promené sur ces
beaux rivages leur main sanglante. Les Dadians
contraints de transporter leur frontière à Ana-
kopi il y a deux siècles, ont reculé aujourd’hui
jusqu’à la Galazga, et l’Abkhasie, ce malheureux
pays, est devenue aussi sauvage que les forêts
de l’Amérique : tout est ruines ; toutes les églises
se sont écroulées ; toutes les traces de civilisation
se sont effacées ; jusqu’à l’Engour, plus un seul
évêque.
Aujourd’hui Dioscourias n’existe plus que de
nom : après tant de révolutions, la place qu’il
occupait était presque devenue hypothétique.
Chardin débarqua en 1672, à Isgaour, à l’em-
(1) Sébastopoli sur le Phase, pourrait bien être une
erreur d’Arch. Lamberti; c’est le seul qui parle d’un Sé-
bastopol dans cette localité ; il l’aura confondu avec celui
de la Marmar.
(2) Il manque le nom de la sixième abbaye.