le meilleur vient des gorges de l’intérieur du
pays et du pied des montagnes. On troque en
raison de trente livres de sel un quintal de buis,
que lesAbkhases transportent jusqu’au bord de
la mer où on le pèse. On le change aussi contre
du fer.
Paul Boso était très mécontent; car il s’était
accordé avec un Turc qui devait lui fournir son
chargement de pièces d’une grandeur fixée : le
Turc n’avait pu lui tenir parole , et à peine avait-
il pu réunir la moitié d’un chargement. Nous le
vîmes plus tard à Soukoum-Kalé où il voulait
chercher à le compléter.
Le buis est aussi beau et aussi abondant à Sou-
koum qu’à Bambor ; mais le transport ne pouvant
s’en faire qu’à dos d’hommes, sur des distances
de plusieurs lieues, cette branche d’exportation
est presque nulle. ;
Paul Boso avait l’intention de vendre son buis
à Trébizonde au consul d’Angleterre, et de prendre
en retour des objets de Perse, châles, soieries,
tuyaux de pipes, etc., pourConstantinople.
Côte de Bambor à Soukoum-Kalé.
De Bambor à Soukoum la côte ne cesse de présenter
les plus beaux points de vue. Jusqu’à
Tembouchure de la Baklanka, où les Cosaques
ont un poste, le rivage est bas et boisé. Au-delà
de la Baklanka commence une suite de collines
basses qui bordent la mer, elles Vont en s’élevant
en approchant de l’embouchure de la Psirste,
où elles présentent déjà une muraille imposante
dans laquelle la Psirste, qui vient des hautes
montagnes, s’est ouvert ou a trouvé un passage
étroit, profond et pittoresque. C’est un second
étage de calcaire de Gagra dont les lambeaux,
arrachés des entrailles de la terre par des jets de
porphyre pyroxénique, sont confusément redressés,
repliés et très maltraités.
A l’angle gauche de l’embouchure de la Psirste,
on voit, sur le sommet d’une colline conique,
tronquée et boisée de beaux arbres, percer une
vieille tour ronde avec d’autres bâtisses ruinées ;
on ne peut poursuivre sous le feuillage la muraille
qui l’unit à une autre tour blanche qui s’élève
à mi-pente; mais de cette tour on distingue
fort bien les restes de la muraille qui descendait
jusqu’au rivage et qui fermait jadis le passage.
Cette ruine était Anakopi, le Nicofia des anciennes
cartes (1).
•Vis-à-vis d’Anakopi, séparé seulement par la
rivière, s’élevait à l’angle de la Psirste et du ri-
(1) Anakopi ou Phanakopi, comme on l’écrit aussi,
signifie un endroit escarpé, entaillé, qu’on voit de loin.
Le nom répond supérieurement à la localité. Voy. Atlas,
i e série, pl. 4-