haut rang ; car ils portaient le turban fait d’un
châle turc. Je vis aussi le bonnet rond ta tare,
bordé de fourrure noire. Presque tous avaient
le bourca sur les épaules ou roulé en paquet sur
le dos.
Le prince nous reçut sur la galerie, au milieu
de ses gens. C’était un homme de bonne mine de
quarante à cinquante ans; son turban était roulé
d’un châle turc bleu à fleurs ; son costume consistait
en un justaucorps en soie, avec des pantalons
étroits de drap brun par-dessus ; des sous-
pieds de maroquin rouge passaient sous des
bottines de maroquin brun, enchâssées à la ma—
nière turque dans ses souliers de maroquin rouge.
Son surtout tcherkesse était de couleur feuille-
morte ; les couvercles des étuis de ses cartouches
étaient d’argent, et il s’était mis selon l’usage un
beau pistolet, orné d’argent, à la ceinture.
Il nous fit passer par une première pièce,
n’ayant pour tous meubles que quelques bancs
qui servent de tables, et un large bois de lit très
grossier. Puis nous entrâmes dans une seconde
pièce qui, avec la première, prenait tout un côté
de la longueur de la maison.
Cette seconde pièce était le salon du prince;
elle avait pour meubles deux énormes lits ou divans
recouverts de tapis; leur solidit ouvait
faire honneur aux cyclopes, et leur simplicité
était digne d’Homère, ayant pour tout ornement
des dessins semblables à ceux que les cordonniers
font sur la semelle des souliers.
Sur les parois de bois' de hêtre au naturel, pas
d’autre décoration que des armes de tous genres
, superbes, appendues à des clous de bois ;
c’est le seul luxe et la seule prétention d’Has-
san-Bey.
Le prince parle bien le russe qu’il a appris par
passe-temps en Sibérie. Il fit avec moi un échange
de quelques médailles, trouvées, à Dandar, contre
des objets en fer fondu de Berlin.
Je me récréai long-temps de la vue délicieuse
dont on jouit de la galerie de son salon. On plane
sur tous les accidents d’un beau parc anglais que
la nature a créé ici pour des barbares. Le sommet
de la colline qui se présentait en face de
nous sur la rive droite de la Kélassour, était dominé
par des ruines couvertes de lierre, qui rappelaient
nos châteaux suisses. Ces ruines étaient
le commencement de la grande muraille dont je
parlerai plus bas (1). Par quelques échappées on
pénétrait dans l’intérieur du pays qui était d’une
fraîcheur ravissantes
Nous vîmes chez Hassan-Bey un de ses frères
aînés, costumé comme lui, mais d’une figure plus
agréable ; car Hassan-Bey a quelque chose de