Description de Ghélindjik.
La baie de Ghélindjik est sans contredit le
plus beau port de la côte de la Circassie et de
l’Abkhasie. Elle a à peu près 3 verst de large et
2 verst de profondeur, et forme un ovale qui
s ouvre sur l’un des côtés longs par une bouche
(passe) de i verSt de large. C’est un beau bassin
que la nature a réservé au centre des bancs
de schiste a fucoïdes qui l’encaissent de toutes
parts. Ni fleuve, ni courant ne l’ont creusé et
ne viennent l’encombrer. Isolé comme celui de
Soudjouk-Kalé, ces deux bassins sont de beaux
exemples de grandes baies dans les formations
crayeuses.
Partout le fond en est uniforme et très sûr;
il varie de 5 à 7 toises (sagènes) de profondeur (1).
L ’encrage en est commode et c’est un séjour
agréable pendant toute la belle saison pour les
plus grands vaisseaux. Mais en hiver et au
pi intemps, les vents de N. E . qui se précipitent
avec impétuosité du haut des collines
y sont presque insupportables, et le séjour de
(1) Taitbout de Marigny ( Voy. en Circassie, p. 283 ,
ed. Klaproth ) dit que la baie a f à l’entrée, 1 o brasses de
profondeur, et que cela va en diminuant jusque près de
terre, ou on ne trouve plus que 4 brasses.
Soukoum-Kalé, quoique infiniment plus ouvert,
est alors beaucoup moins fatigant pour les vaisseaux.
Le bras ou cap qui ferme la baie par le sud
est une espèce de plateau légèrement arrondi de
3o toises d’élévation tout au plus. Une plaine légèrement
sillonnée de 3 à 4 verst de large
borde comme une ceinture le reste du pourtour
de la baie : le léger talus du rivage n’a que quelques
pieds de hauteur.
Lorsque les officiers, las d’attendre des secours
retardés par des contretemps qui ne dépendaient
pas de la bonne volonté du gouvernement,
se décidèrent à se fortifier pour l’hiver, sans ingénieurs
et sans guide, ils ne choisirent pas pour
leur camp la plus forte assiette comme forteresse,
mais l’endroit qui leur parut le plus commode :
ils s’établirent au pied du plateau, le long d’une
grève douce, au bord d’un petit ruisseau et de
quelques belles sources ombragées de vieux arbres,
qu’admirait déjà Taitbout de Marigny en
1818.
Les casernes de l’artillerie s’établirent à l’abri
d’un beau frêne et d’un magnifique tremble qui
mesurait 23 pieds de roi de pourtour. Une grande
tente qu’on adossa à un vieux chêne servit d’église.
On plaça entre les branches d’un second
chêne la sentinelle qui devait observer les mouvements
de l’ennemi. Sauf quelques autres chênes