rampait principalement sur cette partie de la
plaine qui aborde insensiblement le pied de la
colline. La végétation des graminées était superbe,
et différentes céréales, restes de l’ancienne
population, le seigle entre autres, y croissaient
sauvages. Nous entendions le rossignol, le pinson
et le merle doré s’égosiller à la venue de l’aurore :
tout nous promettait une superbe journée.
Dès que nous eûmes abordé, assez brusquement,
le pied de la montagne, l’officier intelligent
qui commandait l’escorte, nous guida à
travers les forêts de chênes et de charmes qui
recouvren t les deux tiers des pentes, et dont quelques
lambeaux remontent parfois jusqu’à la cime.
Nous profitâmes de l’un de ces lambeaux, et ce
ne fut qu à quarante pas du sommet que nous
nous trouvâmes à découvert.
C’est en montant que je cueillis sur les pentes
de schiste crayeux, les cinquante plantes de
Ghélindjik que j ’envoyai à M. de Stéven. Les
couches du schiste sont fréquemment à nu et se
présentent tantôt horizontales, tantôt inclinées.
Leur couleur blanchâtre donne aux déchirures
et aux ravins de la montagne cette teinte éclatante
qui n’est propre qu’aux ravins et aux déchirures
de la craie.
Le sommet de la montagne, superbement ga-
zonné d’une herbe touffue dans laquelle les soldats
se couchèrent pendant que je faisais mes
observations, était marqué par un léger aplatissement
de trente à quarante pas de large, derrière
lequel recommençait immédiatement la
contre-pente.
Il est difficile de décrire la magnificence de
ce point de vue et la beauté du paysage qui s’étendait
en panorama à nos pieds. L ’on conçoit
que les Tcherkesses l’aient choisi pour observer
leurs ennemis; car on plane si bien sur la forteresse,
qu’il ne peut pas s’y promener ni soldat
ni officier dans les rues qu’on ne le voie ; ils
peuvent compter les pièces de bétail qui en sortent,
le nombre des hommes qui composent les
convois, etc. ; rien n’échappe à leurs regards. Ils
se servent même de lunettes d’approche : pendant
que j’étais à Ghélindjik, ceux de Pchade envoyèrent
vers nous un des leurs, qui avait son
entrée libre dans la forteresse, pour tâcher d’en
obtenir une de nous; la leur s’étant gâtée.
Voici en peu de mots l’ensemble de ce paysage.
En me tournant vers le N. E. j ’ai, parallèlement
au Merkhotkhi, une autre chaîne de collines
élevées dont les cimes festonnées se dessinent
en forme de dômes ou de mamelons
arrondis, gazonnés, semblables à des tumulus.
De longs contre-forts à dos étroits, boisés et gazonnés
alternativement, s’en détachent, séparés
par des vallées ou plutôt par des ravins plus
étroits et plus resserrés encore ; le fond en est