dans l’impossibilité de lui résister, en appelant
à son secours les Tsébeldiens qui firent cause
commune avec lui. Dadian pria alors instamment
les Russes de venir à son secours et de garder
par un corps de troupes la frontière du Samour-
zakhan contre le prince Antchébadzé.
Les Russes fondèrent alors, en i 832, la nouvelle
forteresse d’Attanghèlo, sur la rive droite
de l’Engour actuel, qui ne garantissait cependant
pas entièrement Dadian. D’ailleurs sa colère était
passée ; il regrettait le prince Antchébadzé qui
était jadis un de ses plus fidèles amis. Il chercha
donc à se réconcilier avec lui, et lui envoya une
huitaine de seigneurs de sa cour, pour le prier
de revenir, et comme caution de sa sûreté. Le
prince ne balança pas un instant, se rendit auprès
de Dadian dont il obtint son entier pardon.
Le baron de Rosen, gouverneur-général du
Caucase, apprenant la manière dont cette réconciliation
s’était faite, s’en montra fort irrité, et
fit au général Vakoulski des reproches de ce
qu’il avait permis qu’un prince régnant donnât
des cautions à ses sujets, disant que c’était honteux.
Le baron se figurait la législation et les
coutumes du Caucase semblables à celles de
l ’Europe.
Ici Dadian, quoique souverain de Mingrélie,
agissait complètement dans l’esprit de ces coutumes;
il ne lui restait que cette méthode de réconciliation,
la seule qui fût valable ; car le fier
habitant du Caucase sait que chez lui la loi du
sang égalise tous les hommes et fait la base de sa
législation. Dans le cas que je viens de citer, ces
huit seigneurs étaient garants de la vie du prince,
et si Dadian, malgré sa promesse, en eût tiré
quelque vengeance, c’était sur eux que les parents
du prince Antchébadzé auraient eu leur
recours ; c’est à eux qu’ils auraient redemandé
son sang ; ils auraient eu le droit de les faire
tous périr en quelque lieu qu’ils les rencontrassent.
Quand Dadian se fut réconcilié avec le prince
Antchébadzé, il ne sentit plus la nécessité du
voisinage des Russes, et il aurait bien voulu les
faire partir; mais les Russes, trouvant cette position
très convenable pour s’assurer de l’intérieur
du pays , continuèrent à occuper Altan-
ghèlo, qui n’était cependant qu’un fort bien
misérable en i 833. Car Dadian, qui avait promis
en appelant les troupes de faire toutes les
constructionsnéeessaires, 11’avaitplus voulu tenir
parole. Le chef du poste, au lieu de se tirer alors
bravement d’affaire par lui-même, s’était entêté
à guerroyer de parolés avec Dadian et à ne rien
faire; et en attendant le soldat souffrait, forcé
de vivre sous terre comme les taupes ; il était
souvent malade, quoique Attanghèlo ne soit pas
mal-sain.