gobelet de vin en détail coûte quatre à cinq paras
ou deux centimes et demi, une pinte de vin dix
paras ou un sou.
La route de Redoute-Kalé jusqu’à Maranne et
même jusqu’à Goubitskali est très mauvaise, et
même presque impraticable pendant les pluies
pour des voitures ; la terre glaise prédomine ; on
aurait eu cependant la plus grande facilité à construire
ici un bon chemin, vu la grande quantité
de pierres et de galets qu’on peut se procurer
partout. Au lieu de cela, on a suivi l’usage de la
Grande-Russie de placer des rondins à côté les
uns des autres dans les endroits marécageux.
Un second inconvénient plus grave encore a sa
cause dans l’obligation où l’on est de traverser
à gué la plupart des rivières qui se jettent à la
droite du Phase. Il suffit d’un orage dans ..l’intérieur
des montagnes pour augmenter tellement
leur volume qu’elles sont prêtes à déborder. Les
voyageurs et les transports sont obligés d’attendre
quelquefois plusieurs jours de suite campés
sur les bords, avant de pouvoir continuer leur
voyage. Ce second inconvénient, qui aurait entraîné
à des dépenses immenses en ponts et en
digues pour y remédier, aura été cause sans
doute qu’on aura transporté la grande route
sur la rive gauche du Phase jusqu’à Poti. M. le
colonel Espejo avait déjà présenté le devis
de cette nouvelle route, qui ne sera pas-non
plus sans difficulté; car on n’aura pas là les galets
et les pierres à portée Comme sur l’ancienne
route; d’ailleurs les bords du Rion sont bas, sujets
aux inondations et aux éboulements.
A quelques verst de la station des Cosaques de
Maranne se trouve le camp de Maranne ou Ous-
cié-Tskhénitskali, placé dans une position très
mal saine, au confluent de la Tskhenitskali et du
Phase; il s’y trouve une ou deux compagnies de
soldats qui sont spécialement chargés de garder
et de recevoir les farines du gouvernement qu’on
y envoie de Redoute-Kalé en remontant le Phase.
Dans le temps que cette secte qui outrageait
toutes les lois de la nature et tous les droits de la
société sur une fausse interprétation de la Bible,
faisait de terribles progrès dans le régiment des
chasseurs de Mingrélie, et qu’il y avait jusqu’à
six soldats par jour que le fanatisme le plus dégoûtant
portait dans le plus grand secret à subir
cette affreuse opération qui les effaçait du nombre
des hommes, Jermolof, pour arrêter le mal,
ne trouva rien de mieux que de réunir tous les
coupables à Rionskaïa, et de les condamner au
transport des vivres sur le Rion, de Rionskaïa à
Ouscié-Tskhénitskali. Seuls avec eux-mêmes,
sans communication avec le reste du monde,
méprisés, chassés comme inhabiles du rang des
soldats, obligés à un travail pénible, ils furent
une leçon de fait plus agissante que toutes les
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