concentré ses monuments, ses capitales y
visiter ses frères de l’Arménie au-delà des
hautes montagnes qui les séparent et au
pied de cet Ararat toujours mystérieusement
couronné de neiges et de glaces ; suivre
l’Araxe tumultueux jusqu’à ce qu’il
s’apaise dans les larges plaines de la Mer
Caspienne ; traverser alors le Caucase par
sa ligne centrale, pour rentrer dans d’autres
plaines, dans ces steps immenses, vastes
pâturages, vastes champs de bataille, vastes
grandes routes de tant dépeuples divers
qui, sortis de l’Asie comme un torrent vagabond,
ont été refoulés vers le nord par
les angles rudes du Caucase, sans pouvoir
l’entamer; visiter les campements et les
tombeaux des Scythes, des Sarmates, des
Goths, des Slaves, des Varègres; saluer
aussi en passant la presqu’île Taurique, miniature
du Caucase, vrai point de contact
de l’Europe et de l’Asie, grand marché de
la Grèce antique, qui recèle encore tant de
trésors, tel a été le plan de relation que je
me suis proposé.
Le lecteur lira et jugera ; je le prie seulement
d’être indulgent stir un travail qui,
bien qu’il m’ait coûté quatre années de
voyages et plusieurs années de rédaction,
sera très imparfait et offrira bien des lacunes.
Souvent sans antécédents, sans guide,
j ’ai été obligé de me suffire à moi-même,
et après de nombreuses recherches dans
tous les auteurs que j ’ai consultés, je n’ai
rien pu trouver de plus que ce que j ’avais
vu. D’ailleurs toujours seul, toujours isolé,
livré à mes propres forces, il m’était impossible
de songer à tout, de tout voir, de tout
examiner. Ceux qui parlaient de m’accompagner
se sont laissés effrayer à l’heure du
départ par la guerre, par les fièvres si souvent
mortelles dans le brûlant et humide
climat de la Colchide, parles Tcherkesses,
les Lourdes, et surtout par les fatigues et
les mille privations d’un semblable voyage.