Les Tçherkesses qui jusqu’alors étaient restés
idolâtres, reçurent aussi le flambeau de la foi
par les soins de la reine Thamar; il éclaira pour
la première fois ces vallées inconnues; des ¿dises
dont on trouve çà et là les traces abandonnées,
datent de cette époque brillante de l’histoire
de la Géorgie, et la tradition les attribue
generalement à la reine Thamar.
L ’obéissance des Tçherkesses cessa quand le
trône de Géorgie vit des princes faibles remplacer
ses grands rois. Déjà en i 39o (circa), Da-
dian Wamek, éristhav de Mingréiie pour Ba-
grat VI, roi de Géorgie, sévit obligé de faire une
grande expédition contre ces peuples pour les
taire rentrer dans le devoir; il eut un plein succès,
et remporta pour trophées une quantité de
chapiteaux et de tronçons de colonnes et de fragments
de marbre de temples chrétiens et peut-
être de temples païens, dont il fit construire une
chapelle adossée à l’église épiscopale de la
Khopé en Mingréiie; voici l’inscription géorgienne
qu il fit placer sur la porte de la chapelle
pour expliquer cette mosaïque bizarre.
« Au nom de Dieu, le seigneur Eristhav, le
« chef des Mandator, Dadian Wamek, succéda
« à son père le seigneur Eristhav des Eristhav
« Dadian Ghéorghi, et il alla dans le Djikelh et
« 1 Alaneth, à cause de leur infidélité et de leur
« désobéissance, afin de les soumettre. Il les
« vainquit et rendit méprisables et inutiles
« leurs fortifications; il emporta de force tous
« leurs défilés et leurs routes difficiles; il
« exerça de grands ravages chez beaucoup de
« princes djikhes; à tous ceux qu’il subjugua,
« il prit des otages, et mit le reste en fuite.
« Alors il enleva ces colonnes.et ces pièces de
« marbre et y déposa le cercueil et les ossements
<( de ses père et mère ; il est bon de penser à
« eux un moment (1). »
Mais quand, en i 4%4 i Alexandre, roi de Géorgie,
s’avisa de partager définitivement ses états
a ses fils, ce fut comme le signal de la révolte
chez tous les peuples montagnards et chez tous
les grands vassaux de la Géorgie; les Tcherkes—
ses furent les premiers.
Car au nord du Caucase, depuis long—temps, la
principauté de Tmoutavakan avait cessé d’exister,
et le pays avait changé de face. Pendant la
durée de cette principauté , quelques tribus
tçherkesses avaient quitté leurs montagnes, s’étaient
répandues dans les plaines autour de la
Mer d Asof, et avaient pénétré meme en Crimée;
la plus connue et la principale, la tribu kabar-
dah, alla s’établir au milieu des Tatares (2), entre
(1) Traduction du prince Levan Dadian, revue par
M. Brosset jeune.
(2) Les Tatares s’étaient emparés de la Crimée en 1237.