par le savant Mesrob, également inventeur des
caractères arméniens (1). Je crois plutôt que
Mesrob modifia et corrigea l’ancienne forme des
lettres; car l’on sait que les Géorgiens avaient
une écriture cursive, une main de guerre, dès
l’époque d’Alexandre de Macédoine. Il rendit
carrées dans la nouvelle écriture les rondeurs
du caractère primitif, qui peut bien avoir une
origine zend, comme le remarque M. Brosset
jeune (2). Comme dans la plupart des langues
sémitiques, telles que l’Hébreu, l’Arabe, j ’ai remarqué
qu’on élaguait souvent les voyelles dans
le corps des mots de ces inscriptions ; ainsi pour
écrire le nom et le titre de Bagrat, qui s’écrirait
en toutes lettres :
« BAGUAT KHOUROPALATI APHKHASTHADA KHAR-
THELTHA MEPHE »
On avait mis :
« BGRT KHRPLTI APHKHSTHADA KHRTHELTHA
MPH. »
Outre ces trois inscriptions en mémoire de Bagrat,
j ’en trouvai encore une quatrième gravée à
droite du choeur; sur une pierre de la corniche
qui regarde le sud : il s’en faut de beaucoup
qu’elle soit aussi bien écrite que les autres; en
(1")Moïse de Khorène, IIIe, 52, 53, 54 cité par Saint-
Martin, Jonrh. Asiat., juin 1823, p. 322.
(2) Voyez sa Grammaire autographiée, p. 1, 5 et 7.
voici la traduction par M. Brosset jeune (1) :
(c L’architecte de cette église ressuscitera
aussi; Dieu fasse grâce à Maïsa. »
Excepté ces quatre inscriptions, il n’y en a
pas d’autres; en général, cette modestie des
monuments géorgiens frappe à côté de la prodigalité
des Arméniens à recouvrir les leurs de
longues écritures qui occupent presque toutes
les murailles.
En fait de bas-reliefs, il n’y en a qu’un seul ;
on a représenté dans une petite niche, sur le
cintre de la fenêtre la plus élevée et la plus richement
ornée de la façade de devant, un ange
qui tient Bagrat par la main, comme pour le
présenter ; on a sculpté une belle croix sur la
muraille au-dessus de cette niche (2).
Une espèce de basilic et un griffon , qu’on a
sculptés sur le cadre de la fenêtre, sont bizarrement
partagés, de façon que les tetes se trouvent
à droite et les queues à gauche. Ce griffon,
que j ’ai fait dessiner IIIe série, pl. 18, fig. 5, se
retrouve partout dans les monuments de
l’Orient, depuis les reliefs des tombeaux de Pan-
ticapée jusque sur ceux de Persepolis.
Je ne quitterai pas ce magnifique édifice sans
( 1 ) Voyez l’original géorgien, 3° série, Architecture,
pl. 18, fig.
(2) Voyez Atlas, 3e série, pl. 18, fig. 3 :