delà plupart de ces colonies, remontent presque
tous plus haut que les Milésiens, et les faits cahes
sous ces allégories mythiques, se rattachent
a des événements plus ou moins connus, sans
que nous puissions émonder la vérité de son enveloppe
fabuleuse.
C’est ainsi que Strabon (t) fait Tenir les Hé-
mokhes dune colonie de Laconiens que conduisaient
Rhécas et ¿mphistratus, cochers de
Castor et de Pollux (2), et les Akhéens de la côte
des fcherk esses sont les Phthiotes Akhéens de
arrnee de Jason qui sont venus s’y coloniser.
ppien explique la chose autrement (3)- il
suppose bien que les Héniokes sont, d’après’ les
récits es Kolkhes mêmes, un monument du
passage de Castor et de Pollux avec les Argonautes;
mais pour lui, les Akhéens sont des
Grecs revenant de Troie, que la tempête jette sur
ces cotes où ils sont durement traités par les
barbares qui les habitent; ils parviennent à
envoyer cependant quelques-uns d’entre eux
demander du secours aux Grecs de leur patrie,
qui les repoussent, ce qui les met dans une telle
foreur qu’ils adoptent la coutume des Scythes
immoler tous les étrangers qui viennent abor-
(1) Strabon , éd. citée, p. 476.
(2) Pline dit Telchius et Amphitus, liv. VI, ch. 5
WAp pien, p. 1066.
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der chez eux : ils les sacrifient tous indistinctement;
ensuite ils choisissent le plus beau, et
enfin le sort désigne la victime (1).
Qu’y a-t-il de vrai dans ces mythes ?
Depuis long-temps l’Europe, recevant des lumières
de la Grèce, s’est habituée à adopter
toutes les illusions que l’amour-propre suggérait
aux Grecs ; selon eux, la Grèce est un foyer
de création , et leur orgueil veut que toute lumière
, toute science, toute civilisation , tout
système religieux, soit parti de son sein. Les
Hellénistes de nos jours ont cherché constamment
à appuyer cette façon de voir.
Cependant les mythes cités par les Grecs démentent
souvent ces idées orgueilleuses, et qui
lit Homère, qui étudie l’histoire des Argonautes
de Phrixus et de Helié, et l’enlèvement d’Europe
dans Hérodote, etc., serait porté fréquemment
à croire le contraire de ce qu’avancent les
Grecs, et à voir les Grecs civilisés du plus ou
du moins par ceux qu’ils appellent Barbares. Le
roi et le peuple qui reçurent les Argonautes, les
Tyriens, les Troyens, etc., étaient tous bien
supérieurs en civilisation à ces aventuriers et
(1 ) Cette colonisation d’un peuple étranger sur la cote
des Tcherkesses ne serait-elle point la traee du passage
des Kimmériens poursuivis par les Scythes, qui longèrent
la côte, tandis que les Scythes passèrent par Dariel ou par
Derbent? Ce passage mérite d’être étudié.