« guant tantôt contre les vaisseaux chargés de
« marchandises, tantôt vers quelque contrée ou
« quelque ville, ils maîtrisent les mers. Les Bos-
(( phoriens les reçoivent souvent dans leurs
« ports et leur fournissent des vivres et l’occa-
<( sion de vendre leur butin. Retournant chez
« eux, quand ils ne peuvent plus tenir la mer,
« ils portent sur leurs épaules leurs camaras dans
« les bois, où ils habitent et où ils labourent
« quelque peu de terrain peu fertile. Quand l’é-
« poque de la navigation revient, ils les repor-
<( tent à la mer. Ils en font de même partout où
« ils abordent (car ils connaissent toutes ces con-
<( trées boisées); ayant ainsi caché leurs ca-
« maras, ils errent à pied et de nuit, quelquefois
« de jour pour faire des prisonniers, qu’on peut
« rançonner facilement; car avant de s’en re-
« tourner, ils font savoir quelles sont toutes les
« choses qu’ils ont prises à ceux qui les ont per-
« dues. C’est pourquoi les lieux qui sont soumis
<( à des princes, et qui ont été ainsi pillés, ont
<( obtenu de leurs chefs une garnison, qui sou-
« vent poursuit ces pirates et les prend ainsi
« que leurs camaras.
« La contrée qui est soumise aux Romains,
a est celle qui a le moins de secours, à cau-
« se de la négligence de ceux qui y sont en-
« voyés.
« Telle est la vie de ces pirates. Ils ont des
« chefs, et sont gouvernés par des skeptoukhes,
« et ceux-ci sont soumis à des tyrans ou à des
« rois. »
Ce fut autant la difficulté du sol que la fierté
des Zy ghes, les Chapsoughes, Ouboukhes,
Sakhes de nos jours, qui engagea Mithridate à
cotoyer à grande peine le rivage escarpe et a
faire des détours par mer, plutôt que de se hasarder
dans l’intérieur du pays Mais dès
qu’il eut atteint les Akhéens, les Natoukhai, il
obtint leur aide pour achever son voyage jusqu’au.
Bosphore... On voit que les Akhéens
étaient amis des Bosphoriens, s’ils ne leur étaient
pas soumis.
Je ne m’arrêterai pas long-temps sur Pline
qui, soixante-quatorze ans après J.-C., compile
l’ancien et le moderne, et qui fait très souvent
de doubles emplois.
Arrien est beaucoup plus instructif : voyageant
par l’ordre de l’empereur Adrien, qui régnait
de 117 à i 38 de J.-C., il lui rendait compte
de tout ce qui pouvait intéresser ce grand monarque;
visitant lui-même le pays, il ne cite plus
que des noms vraiment nationaux. Le nomd’Hé-
niokhes disparaît définitivement pour faire place
à ceux de Sanighes, d’Abaski, d’Apsiles ; les
Zykhes font oublier les Akhéens, dont il ne reste
que le nom du vieux bourg d’Akhaïa, aujourd’hui
Pchade. Tous ces peuples obéissent aux Romains,