qui attire tous, les regards; elle est large, très
peuplée; c ’est la première de ce genre qu’on
rencontre depuis Ghélindjik. On y reconnaît
Djouvga ou Djouhoubou. Le paysage y est ouvert,
et laisse apercevoir, au sud du bassin de
la Djouhoubou, en face de la mer, une chaîne
de collines éloignées, couvertes de champs.
La Djouhoubou, qui arrose cette vallée, est,
après la Soutchali et la Kintchouli, une des
principales rivières de la côte; son embouchure
forme une petite anse ouverte, mais pas de baie
ni de port, Elle est fermée àl’est par le cap.Kodos,
formé d’une suite d’escarpements, peu élevés de
schiste à fucoïdes, qui s’avance comme une
plate-forme large et commode en avant de la
chaîne de collines plus reculées dans l’intérieur
du pays.
Cette belle et large vallée, cette rivière abondante
a dû frapper et attirer les anciennes populations.
Tout comme elle est encore aujourd’hui
l’un des points principaux, l’un des centres de
la Chapsoughie, ainsi elle a dû être l’un des
bourgs importants, sinon la capitale du pays
des Zikhes.
D’abord il n’y a pas de doute que nous ne devions
placer ici ou dans les environs, la vieille
Lazica d’Arrien qu’il met à 12.0 stades de la
vieille Achaïe. Peut-être que l’aoule de Ziçhe est
l’emplacement qui y répondrait le mieux comme
son nom semble l’indiquer. Ptolémée en fait la
ville de Tazos, et elle reparaît sur toutes les Cartes
italiennes du moyen âge sous les noms d’Alba
Zega et d’Alba Zicchia (1).
Actuellement Djouhoubou est la résidence
d’Ali-Bey, l’un des chefs les plus influents des
Chapsoughes. Il est à la tête d’une population
considérable ; l’on m’a assuré qu’il peut se réunir
en deux heures de temps à Djouhoubou une
masse armée de plusieurs milliers de Chapsoughes
seulement des alentours. Ce point est 1 un
des plus dangereux de la côte à attaquer.
L’importance de cette position imposait aux
Russes la nécessité de chercher à s’en emparer
et à s’y établir de pied ferme. On se rapprochait
ainsi de Gagra ; on morcelait la puissance et l’attention
des Tcherkesses ; on les attaquait dans
leur centre ; on maîtrisait un de leurs principaux
débouchés, en communication directe avec le
Kouban ; on était à même de veiller plus exactement
sur le commerce des Turcs. .
A cet effet, on commanda le ~ juin i 833 à
Ghélindjik cinq petitsr vaisseaux de guerre et
cent vingt soldats de débarquement pour faire
( 1) Ce nom semble s’étre perpétué dans celui de
Djuvga, qu’on emploie indistinctement avec celui de
Djouhoubou. Voy. Voyage de J. Potocki au Caucase,
II, 37o.