cette localité. L’un de ces ingénieurs était M. le
major Gourief. Hassan-Bey les fit habiller en Ab--
khases, et avec une forte escorte, il leur fit re-
monter la vallée de la Kélassour par un chemin
des plus difficiles ; ils furent plusieurs jours en
îoute et rapportèrent, après avoir essuyé toutes
sortes de fatigues, quelques échantillons d’une
mine de plomb qui ne parut pas assez, riche pour
être exploitée,
JV revu plus tard le prince Hassan-Bey et à
plusieurs reprises, entre autres le jour où il atten-,
dait dans la plaine de Soukoum les ambassadeurs
de son neveu Michel-Bey; ce jour-là sur son
habit tcherkesse il portait un second habit de
même forme, mais de fine toile blanche. Pour
monter à cheval, comme la plupart des Tcher-
kesses, il revêt de longues gamaches ou bas de
dessus en drap blanc, espèce de flanelle ; ils
montent jusqu’au-dessus du genou.
Il nous reçut, quelques officiers de la flotte et
111017 S01’ Aes bourcas étendus sous deux pommiers
sauvages auxquels étaient suspendues les
armes de tous genres dont sa suite était armée,
trophée riche et grotesque. Il nous traita avec
du champagne du Don qu’il fit venir de Sou—
koum; mais il n’en but pas lui-même.
Une autre fois il se présenta à la porte d’entrée
du bazar de Soukoum pour parler au com-
înandant; mais il n’entra pas dans le bazar, ni
dans la forteresse, ce qu’il ne fait jamais par
crainte de trahison. Il voulait se disculper auprès
du commandant de sa conduite à l’égard
de son neveu. Pour cette fois-ci c’était bien le
brigand du Caucase ; car il n’avait pas moins de
deux grands pistolets à sa ceinture, et tandis
qu’il causait, il jouâit avec le troisième, avec cet
air de diable qui vous dit : Ne me touchez pas ou
gare à vous.
J’ai appris plus tard que Hassan-Bey, par la
médiation de la Russie, s’était réconcilié avec son
neveu, et que même pour la première fois depuis
son retour de Sibérie, il avait eu le courage de
remettre les pieds dans la forteresse de Soukoum
et d’y visiter les tombeaux de ses pères, Mais
Hassan-Bey n’en restera pas moins un des plus
grands ennemis de la Russie.
Cependant on l’a entendu regretter les huit
années qu’il avait passées en Sibérie. « Mon Dieu,
disait-il, que me manquait-il alors, j’avais une
bonne pension, bonne société, le rang de major;
je vivais à mon aise et gaîment, et qui plus est,
commodément; tout le monde me témoignait
de l’amitié; et aujourd’hui que je suis libre, que
suis-je ? Livré aux intrigues des Abkhases demi-
sauvages, forcé souvent de faire ce qu’ils veulent
et non ce que je veux, vivant toujours sur le qui
■Vive, et Dieu sait comme ! ! Quelle vie ! — A sa