veux et les sourcils très noirs, le teint coloré, les
yeux noirs, grands et vifs; l’ovale de leur visage
n’est pas si beau que celui des Géorgiennes;
elles prennent de bonne heure beaucoup d’embonpoint.
La race arménienne, en général, est
une race a gros col, à col épais. Il y a beaucoup
de braves gens parmi ces Arméniens catholiques.
Leurs frères du rit arménien ne méritent pas,
dit-on, cet éloge. Ils passent pour avares, intéressés,
pour trompeurs, pour gens qui se font
une gloire d’avoir attrapé un acheteur. Ce tableau
n’est pas flatté ; ceux qui ont écrit avant
moi sur ce peuple ont été bien plus sévères. Malheur
à toute nation qui a été long-temps sous le
joug et qui professe une religion abhorrée, méprisée
, persécutée par le vainqueur : elle ne
manque pas de devenir lâche, vile et trompeuse.
Les Juifs sous les chrétiens, les Grecs naguère
sous les Turcs, les Arméniens sous les Persans,
sont de tristes exemples de cette vérité.
Les Arméniens Jacobites ont une église assez
misérable à Koutaïs, à côté de la maison du gouverneur.
L ’ancien cimetière qui entoure l’église
est couvert de treilles qui s’étendent jusqu’au
bord du Rion et qui font de ce lieu im endroit
des plus frais.
Une bonne partie du bazar de Koutaïs est
aussi occupée par les Juifs, qui, dans le fait, n’ont
de juif que leur mine : car en se promenant le
long de leurs boutiques, on est frappé de retrouver
sur ces figures les mêmes traits, le même caractère
de physionomie que chez les juifs polonais
et lithuaniens, quoiqu’ils n’en aient nulle-?
ment le costume. Cela est si frappant qu’on croit
retrouver à chaque instant des visages connus, et
qu’on est tout étonné de ne pas les entendre parler
allemand. Leur nez est le plus souvent aqui—
lin, leur visage alongé, leur barbe et leurs cheveux
sont noirs ou roux, de ce roux qu’on retrouve
si souvent chez les juifs lithuaniens ; leurs
yeux noirs; ils ne sont pas très grands de taille
ni corpulents. Ils portent le costume géorgien ou
arménien, avec le bonnet persan de pelisse d’agneau
noir ; seulement ils laissent croître leur
barbe et portent de chaque côté des tempes une
longue boucle de cheveux. Ils se livrent la plupart
au brocantage, au commerce d’échange des
productions de la terre, etc. ; ils n’aiment pas les
travaux pénibles et ceux des champs. Les jambes
croisées au milieu de leur mince pacotille de
marchandises, on les voit lire la Bible et instruire
leurs enfants dans la langue hébraïque, quoiqu’ils
ne fassent usage entre eux que de la langue géorgienne.
Ils occupent presque tout un quartier du
bazar de Koutaïs, où l’Européen habitué à la
pétulance, aux cris, à l’avidité, aux empressements,
a la servilité, aux importunités du juif
polonais, qui a toujours une si haute idée de lui