nétrèrent en Iméreth; leur tâclie fut de déloger
les Turcs de toutes les places fortes qu’ils occupaient.
A Koutaïs, l’artillerie russe les foudroya
des hauteurs des cimetières et les força à se
rendre: Vartsikhé, Bagdag, etc., ne coûtèrent
pas plus de peine, et ppur ôter aux Turcs toute
possibilité de pouvoir s’j rétablir, le général,
avec le consentement du roi Salomon, fit sauter
ou démanteler toutes ces places ; on s’attaqua le
plus à Koutaïs comme à la plus importante. Les
énormes débris roulèrent de toutes parts et encombrèrent
une partie de la montagne : les
masses qui sont restées sur place, renversées
sens dessus dessous , empêchent de bien reconnaître
le plan d’une partie de l’ancienne citadelle.
La nouvelle est bâtie à peu près dans le sens de
1 ancienne, seulement elle est plus petite et en
retrait sur les fondations de l’ancienne.
i . Parmi les édifices dont il reste des traces
dans la citadelle, l’église est ce qu’il y a de mieux
conservé. Les portes étaient couvertes de sculptures
dans le style géorgien : elle datait du quatorzième
siecle. Les Turcs, en prenant possession
de la forteresse en 1671, en firent une
mosquée. Il y avait sur la porte du nord une inscription
turque que vit Güldenstadt en 1772,
mais que je n’ai pu découvrir. On l’a restaurée
pour en faire une poudrière.
2. En face de la porte de l’église, on montait
par un escalier à un bâtiment vaste, à plusieurs
grandes divisions et occupant le plus haut
point de la citadelle. C’était quelque palais fortifié
des rois des Lazes. On dominait de là sur
toute l’immensité de ce beau paysage ; on plongeait
d’un côté sur le bassin de la Colchide ; de
l’autre, la vue se perdait dans les gorges du
Rion jusqu’au-delà de Ghélathi, et dans tout le
chaos de ces combes et de ces cratères porphy-
riques, qui ont ici déchiré le sol principalement
crayeux. Au nord, l’oeil aperçoit même les cimes
blanches du Passmta et du Kadèla, malgré l’élévation
et le rapprochement des montagnes
crayeuses qui séparent Koutaïs du Ratcha, et
parmi lesquelles le Quamli présente sa muraille
pâle et escarpée (1).
3. Un chemin souterrain voûté en briques,
comme dans tant d’autres forteresses du pay s ,
à Atskour, à Zéda-Tmogvi, à Darial, etc., menait,
par une pente très roide, presqu’au pied du
rocher qui sert de postument à la citadelîé. Là
jaillit toujours à gros bouillons mie source superbe
(2), qui s’échappe à travers les couches
épaissès et compactes d’un roc jaunâtre qui ap-
(1) Voyez les deux vues de Koutaïs, 2e série, pl. i3, a,
i 3, b.
( 0 Température io° 3/4 de Réaumur, elle est à 5o pieds
au-dessus du Rion.