donné ; il n’y a plus rien au milieu des ruines
qu’une petite église très ancienne qui rappelle
les vivants. Elle est très célèbre dans toute l’Ab-
khasie et en Géorgie même, parce qu’on suppose
que c’était là que le corps de S. Simon fut déposé.
La chronique géorgienne de Vakhtang V
dit en effet que sous le règne d’Aderkhi, fils de
Bartom, qui régna peu de temps après J.-C., les
deux apôtres S. André et S. Simon le Cananéen,
vinrent prêcher le christianisme en Abkhasie et
dans l’Egrissi. S. Simon mourut dans la ville
de Nikoli ou Anakopi, sur le territoire des Grecs,
pendant que S. André allait convertir les Mé-
grelni (1).
Le château de Psirste (2) n’est qu’un amas de
tours et de murailles abandonnées et ombragées
de vieux figuiers et de gros arbres qui se penchent
par-dessus ces ruines comme pour en cacher
l’isolement. C’était, il y a deux cents ans,
la dernière possession des Dadians de Mingrélie
vers l’Abkhasie. Il y a un poste de Cosaques auprès
de ces ruines, depuis lesquelles on compte
( î ) Klaproth, Voy. au Caucase, édit. ail., II. n 3
et 1 14-
(2) Pizirdsiza, nom du château, Abtsa, nom de la rivière
dans la carte de Khatof; elle porte aussi celui de
fiurnc de Nico/îa, dans les caries du moyen-âge. Reineggs,
II, 5, l’appelle Kuri, et dit que le port qui est à son embouchure
est petit et peu sûr.
vingt-un verst jusqu’à Soukoum; je crois que
c’est trop peu.
Derrière Anakopi s’ouvre dans le fond du paysage
la gorge de la Baklanka. La haute muraille
calcaire poursuit sa direction parallèle a la chaîne
centrale toujours sous le meme niveau : parmi
les pointes et les tables qui la couronnent se presente
le mieux d’ici le Chapeau de Saphyr-Bey,
mamelon surmonté d’une pointe. Le 12 juillet,
quelques taches de neige étaient encore semées
dans les enfoncements, entre les pointes de rochers
et dans les ravins qui rident les pentes. On
en voyait jusqu’à i 5 o o - 2 0 ûo pieds au-dessous
du sommet. Je remarquai d’ici que le ealcaire
de cette formation était par couches très nombreuses
plus ou moins horizontales ; et en reportant
iqes yeux dans la gorge de IaKipsta, j’en
vis le flanc occidental, marqué jusqu’à une
grande profondeur de longues lignes de neige
qui expriment le fond des ravins.
D’Anakopi au cap Soukoum, nous ne vîmes
rien de remarquable que l’embouchure pittoresque
de la Goumista ; à quelques verst du rivage,
elle s’échappe d’une gorge très étroite,
taillée à pic dans le calcaire de la chaîne basse.
Il se trouve sur les bords de la rivière, aux environs
du village d’Echira qui est à huit verst de
Soukoum et à quatre verst du rivage, une très ancienne
église dont les quatre murailles sont bien