plus âgés (stretti d’éta), appuyés sur un bâton,
et sur le lit, à main gauche, se tient une jeune
fille avec un eventail recouvert d’un morceau de
soie en main ; elle s’en sert pour chasser les
mouches quand même il gèle. En face du mort,
est assise, sur une chaise placée par terre, la
première des femmes du défunt, qu’elle fixe
sans détourner les yeux, mais sans pleurer, car
ce serait une honte : pendant huit jours, elle ne
le quitte guere. Au bout des huit jours, on prend
un grand tronc d’arbre qu’on fend en deux et
qu’on creuse pour y placer le corps et les dons;
après quoi on le transporte à l’endroit destiné à
la sépulture, où la multitude, qui suit le cortège,
élève la tombe en entassant de la terre
sur le cercueil, et plus le défunt était puissant,
plus il avait d’amis, de sujets, plus letumulus est
grand.
« Après l’ensevelissemeut, pendant plusieurs
jours, à l’heure du dîner, on selle le cheval du
défunt et on donne ordre à un serviteur de le
mener par la main à la tombe nouvelle, et d’y
appeler par trois fois le défunt par son nom pour
le convier à dîner de la part de ses parents et de
ses amis. Cela fait, le serviteur s’en retourne en
ramenant le cheval, disant que le défunt ne
répond pas; après quoi, croyant avoir fait
leur devoir, les parents et les amis se mettent à
table. »
Tel est le tableau que faisait des Zikhes George
Interiano en i 55i.
Quatre ans plus tard commence une nouvelle
époque pour la Circassie. Les Toherkesses n’avaient
eu à lutter jusqu’alors qu’avec les Tatares
qui les entouraient et qui leur étaient inférieurs
en force.... Un autre peuple vient se remettre
sur les rangs : ce sont les Slaves russes, qui ont
détruit les empires tatares du Kasan et d’Astrakan
, et qui s’avancent par l’orient sur les flancs
des Tcherkesses pendant que les Tatares les
pressent de l’autre. Depuis lors le rôle desTcher*
kesses, placés entre ces deux puissances rivales,
a été de lutter contre l’une ou l’autre, et cette
lutte dure encore.
En i 555, les Tcherkesses du Béchetau se
soumirent au tzar Ivan Vassilevitch (1), et furent
reçus dans l’armée où ils se distinguèrent
(2).
Le Khan de Crimée, Chah-bas-Ghérai, jaloux
de cette influence que prenait la Russie, réunit
une grande armée et tombe sur les Tcherkesses ,
pille leurs villages, et les force à venir habiter les
bords du Kouban et à embrasser l’islamisme. Cé-
(1) Ivan Vassilevitch e'pousa, en i 56o, Marie, princesse
tcherkesse, fille de Temrouk.
(2) Voyez les extraits de Jean Potocki, faits par Kla-
proth dans son Voyage au Caucase, éd. ail., 1, 389 et seq.