siècles plus récents sont assez nombreuses pour
nous faire croire qu’avec plus de patience nous
retrouverions celles de l’antiquité.
Dès qu’on a passé le col du Maroukh, on retrouve
déjà bien haut dans la vallée du petit Zé-
lentchouk les ruines de Madjar-Ouneh, avec
celles d’une grande église dont j ’ai vu les dessins
chez M. Bernadocci, architecte du gouvernement
à Pétigorsk.
Les traces d’une population nombreuse et riche
se suivent jusqu’au bord du haut |Couban,
où M. Bernadocci, qui était aussi de l’expédition
de l’Elbrous, sous le général Emmanuel en
1829, dessina une seconde église dont il a eu la
bonté de me communiquer les dessins et que j ’ai
fait représenter 3e série, pl. 4* Elle est sur la
rive gauche du Kouban, sur la montagne du
Tchouna, en face de Khoumara. On y reconnaît
au premier coup d’oeil le style des églises b y zantines
d’Abkhasie, et le même genre de peintures
à fresque (1). Il n’y a pas de doute que le
(1) Le majorPotemkin, en 1802, parcourut ce pays, visita
ces églises dont il fit quelques dessins j il copia quelques
inscriptions grecques, peintes à fresque sous quelques
images. Près de l’église de Tchouna il vit aussi une
pierre sépulcrale en forme de croix sur laquelle il a lu la
dateZiKA, 6621 du monde ( i o i 3 de J.-C.). Voyez le Voy.
de Jean Potocki dans les steppes d’Astrakan, etc., t. I,
p. 24achristianisme
n’ait été apporté de là par cette
route. Ceci est d’autant plus frappant qu’on ne
retrouve nulle part d’autres traces d’églises sur
ce revers du Caucase, vers la Circassie, que le
long de cette ancienne voie de communication.
Comme Strabon le dit très bien, ce versant
septentrional du Caucase s’exprime par une
pente beaucoup plus douce que l’autre versant,
et il se co nfond bientôt avec des campagnes
qu’occupaient les Siraus du temps de ce géographe.
Effectivement arrivé à Khoumara (1), au-dessous
de cette église de Tchouna, l’on aborde un
pays que l’on n’ose plus confondre parmi les
rudes vallées du Caucase. Le Kouban est encore
encaissé par des roches jurassiques et crayeuses ;
mais de part et d’autre, les sommités voisines
ne présentent que des cimes presque nues, de
forme radoucie, tapissées du plus magnifique
gazon subalpin; ce sont les plus riches pâturages
qu’on puisse voir, de tous temps célèbres par les
nombreux troupeaux de chevaux qu’on y élevait.
Un embranchement de la grande route du
commerce, suivait les bords du Kouban ou Hy-
(1) Reineggs place dans le voisinage d’Arkhandoukof
et de Koumara, sa fameuse porte Coumana, dont je n’ai
jamais entendu parler sur les lieux mêmes. Voy. Reineggs,
t. I,p. 264.