Il fallut bien trouver un port de mer qui pût
permettre l’exécution de ce nouveau plan régénérateur
des libertés du Caucase. Le seul emplacement
qui se présentât fut l’embouchure de
la Khopi.
Klaproth a parlé dans le temps de cette nouvelle
découverte comme de l’une des plus mer-
vei leuses Le fait est que la Khopi, jusqu’à une
ieue au-dessus de son embouchure, forme un
canal assez profond (1) qui pourrait contenir d’assez
grands vaisseaux. Mais l’embouchure même
est fermée par une barre sablonneuse qui ne laisse
qu un petit chenal de deux pieds et demi à trois
pieds de profondeur, dont l’emplacement peut
changer du matin jusqu’au soir, suivant la direction
du vent. Cette circonstance est grave et il faudrait
des millions pour y porter remède d’une manière
convenable. Il n’entre à présent dans la
Khopi que de petites chaloupes et les petits vaisseaux
turcs. Tous les plus gros bâtiments sont
obligés de rester à undemi-verst du rivage dans
a rade la plus ouverte qu’on puisse trouver,
forcés de lever l’ancre et de gagner le large aux
premiers coups de vent.
Ce port cependant était le seul ; Soukoum-
Kale était trop éloigné et aurait alongé la route
e terre jusqu’à Tiflis de 100 verst (25 lieues) ;
t 1) À a jusqu a dix-huit pieds de profondeur.
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il n’y avait pas à choisir. Malgré tant de graves
inconvénients, Redoute-Kalé, qui servait déjà
d’entrepôt aux farines du gouvernement et qu’on
avait muni d’une redoute, devint le centre du
commerce qui commença petit à petit à s’y
établir.
En entrant dans la Khopi on a à droite la redoute
ou le fort dans lequel les vagues avaient fait
avant mon arrivée une brèche assez large pour
y faire entrer une compagnie de soldats de front.
A gauche, vis-à-vis de la forteresse, s’étendaient
les bâtiments plus que délabrés de la
Quarantaine. On appelait de ce nom quelques
misérables huttes entourées d’une haie morte
trouée de toutes parts.
Le bazar est à deux verst de la redoute et de la
Quarantaine en remontant la Khopi, sur la rive
gauche. Pour ouvrir entre ce bazar et le Phase
ouRion, une communication, on a réuni par un
canal avec ce fleuve, la Tsiva, petite rivière qui
se jette dans la Khopi, entre le bazar et la redoute
: c est par-la qu’on fait passer les farines
et les sels dans l’intérieur du pays ; mais j ’ai vu
aussi plusieurs bateaux charges de légumes et
d’autres productions, que les habitants du bord du
Rion amenaient au marché de Redoute-Kalé (î).
( i ) Voy. le plan de ce canal dans l’Atlas de M. Gamba;
il appelle la Tsiva, Syba.