qui est contre l’usage constant du pays ou l’on
ne voit ni monastère, ni château qui ne soit muré
en bonne chaux si abondante dans le pays.
Jusqu’ici la route suit le pied des collines 5 en
face du château on tourne vers le raidi, ayant
en face, dans le lointain, ces montagnes du Gou-
riel au-delà de la plaine dç Mingrélie.
Quatre verst à peu près ayant d’arriver à la
station d Abacha, mon Cosaque, pour prendre
plus au droit, me fit traverser un vaste marais
desseohe où je risquai maintes fois d’enfoncer,
tant il y avait de trous» Ce fond du sol produit
par les attcrissements de l’Abacha est sablonneux ;
les plantes qui le tapissent se recouvrent légèrement
de ce sable qui vient des montagnes en
temps d’inondation, pourrissent ensuite, et bientôt
il en résulte des trous traîtres et dangereux.
Je conseille donc au voyageurs de suivre plutôt
la grande route.
Abacha est à vingt verst de Sakharbet, et
Sakharbet est à quinze verst de Khorga.
I)’Abacha a Maranne, on compte dix-sep t verst.
Excepté les deux premiers verst que l’on fait dans
une superbe forêt de hêtres, Je pays n’est plus si
boise, il a l’air desert et monotone 5 on ne remarque
plus de champs, ni d’enclos de maïs et de millet.
Avant d’arriver au poste de Maranne, on traverse
sur un radeau la Tskhéni-tskali, toujours
trouble et tourbillonnante qui sépare la Mjngrélie
de l’Iméreth. Tskéni-tskali signifie : rivière
des chevaux 5 c’est le Hippus des anciens
qui a la même signification.
Maranne, outre la station de poste, renferme
un détachement de je ne sais combien de Cosaques,
qui y sont en cantonnement commandés
par un officier. Tous ces Cosaques qui font leur
service au-delà du Caucase, sont des bords du
Don; il y en a fort peu de la Ligne, car ceux-ci
restent à leur poste. On ne peut se faire une
idée de la différence morale qui existe entre ces
deux classes de soldats appartenant à la même
nation. Plus le Cosaque de la Ligne est brave,
bon et serviable, plus celui du Don est lâche,
grossier, incomplaisant, peu serviable, quand le
rang de la personne qui lui commande ne lui
impose pas. Ceci souffre moins d’exceptions
qu’on ne le pense.
Que celui qui veut voyager dans ce pays, ne
s’attende pas à trouver partout bon gîte, bon
pain, bon lit. S’il n’apporte pas tout avec lui, il
ne trouvera rien du tout dans aucune station,
fort heureux s’il peut y obtenir une planche pour
s’y étendre sans être obligé de se coucher sur
la terre. La seule ressource que l’on ait de là en
là, ce sont quelques doukanî, espèces de marchands
ou pin tiers imérétiens, chez lesquels on
peut acheter du vin, des chandelles, des concombres
et quelques autres bagatelles. Un grand